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Le blog de Kitty
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5 avril 2020

Coronavirus : incertitude et confinement - journal de bord - chapitre 6

Hello kittens,

Comme prévu, je continue...

Jour 20 : jeudi 2 avril. Depuis une dizaine de jours, ils paraît évident que notre vieux chat (il a presque 12 ans) ne va pas bien. J'ai pu obtenir un rendez-vous assez rapidement chez le véto et donc je m'y rend ce matin. Résultat des courses : diabète. Nous allons devoir faire des piqûres d'insuline matin et soir à notre chat jusqu'à la fin de ses jours. Moi qui déteste les piqûres... Ceci dit, je me suis rendue compte, en m'exerçant chez le véto, que ce que je déteste dans les piqûres, c'est en recevoir, pas en donner... Alors, pour mon chat, je crois que ça se fera sans trop de peine... Et comme le véto a dit qu'ils obtenaient de bons résultats avec le médicament qu'il m'a donné, mon vieux chat a encore de longs jours à passer avec nous, du moins, je l'espère...

Cet après-midi, je m'apprête à mettre une lessive quand je m'apeçois que la cuve de la machine à laver est en partie remplie d'eau. Je résous du même coup l'énigme de la mauvaise odeur que je sentais dans le coin depuis ce matin : c'est de l'eau d'évacuation qui a refoulé. Je vidange ma machine et vérifie le filtre : rien. Galère ! Si je ne trouve pas ce qui a disfonctionné, je suis bonne pour la laverie automatique car je doute qu'il y ait des réparateurs qui soient au travail en ce moment... Je décide de tenter une tournée de lessive rapide avec deux affaires pour voir s'il y a un code d'erreur. Résultat : rien. Aucun code d'erreur. Je décide de tenter le tout pour le tout  et mets une lessive normale. Je serai fixée dans deux heures si tout va bien, et avant cela s'il y a un problème (mais dans ce cas, je vais me retrouver avec une lessive à finir à la main. Galère !) En attendant, je me prends un coup de déprime d'un seul coup. J'l'ai pas vu v'nir c'ui-là ! Je lâche tout et pars faire une petite ballade de 5 minutes (j'ai pas mes papiers, rien du tout : fichez-moi la paix avec vos contraintes à la noix, j'en peu plus !) De toute façon, ça fait plus d'une semaine que je n'ai pas vu l'ombre d'un gendarme (par chance, ils ne viennent pas jusque dans les chemins communaux). Comme j'ai toujours le moral dans les chaussettes en rentrant chez moi (j'aurais dû aller jusqu'au chemin de rando le plus proche et continuer ma ballade, mais je n'ai pas osé... Pas assez le moral pour risquer les ennuis...), je me colle devant un dessin animé en espérant que ça me remontera un peu (on a les remèdes qu'on peut...) A lafin de la lessive : rien. Tout va bien. A priori, le refoulement devait venir d'un tuyau qui s'était décroché à l'arrière de la machine et que mon mari a remis à sa place... Fin de l'histoire. Après avoir étendu mon linge, je me décide à regarder la messe en replay. ça me fait du bien (et oui, depuis le confinement, l'église catholique propose des messes quotidiennes sur internet, que ce soit celle du pape François, d'un évèque ou d'une communauté religieuse, les fidèles ne sont pas abandonnés).

Jour 21 : vendredi 3 avril. Deuxième piqûre d'insuline faite à la maison pour mon vieux chat. Il n'a pas trop l'air d'apprécier. Aussitôt l'opération terminée, il est parti se cacher dans un coin et il boude. Tant pis, si ça lui permet d'aller mieux, ce n'est pas cher payer. Parmi les nouvelles, l'édito du Média de cette semaine est en mode déprime. En même temps, ce n'est pas facile de s'entendre dire que tout le mode meurt dans l'est du pays, surtout dans les EHPADS, transformés en mouroirs par un système qui réduit les budgets de tout ce qui n'est pas rentable ; et que, aux Etats Unis d'Amérique, grand modèle de la Liberté à tout crin, on envisage de sacrifier (c'est le mot qu'ils utilisent !) les personnes âgées pour sauver... d'autres hommes ? Que nenni ! Pour sauver l'économie, pas moins. Parce que l'économie est plus importante que les vies humaines, plus importante que l'écosystème planétaire qui pourtant lui permet d'exister, l'économie... Pauvres Américains dont les personnes les plus en vue sont en train de scier la branche sur laquelle ils sont tous assis. Gare à la chute !

J'ai beaucoup réfléchi ces derniers temps à cette prétention que l'homme peut avoir d'un droit sur la nature, en ce sens qu'il pourrait faire tout ce qu'il veut y compris l'exploiter jusqu'à l'épuisement sans avoir de compte à rendre à quiconque, pas même à ses semblables ou aux générations futures (car, bien évidemment, en tant que Chrétienne, je considère que nous avons des comptes à rendre à notre Créateur...). Et comme les Américains, fer de lance de l'ultralibéralisme, semblent asseoir leurs prérogatives sur une élection divine ("God bless America"), j'ai quand même un peu l'impression qu'ils basent leur prétention sur une interprétation faussée du livre de la Genèse, là où il est écrit : "Dieu les bénit et leur dit "Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre ezt dominez-la.""(TOB, Gn 1, 28). La Traduction OEcuménique de la Bible comprend une note pour ce verset qui précise ceci : "La domination est un attribut royal. Elle exprime [...] la ressemblance divine de l'homme. Il est le roi de la création, ce qui ne signifie pas qu'il peut l'exploiter comme bon lui semble, mais qu'il doit la maintenir et oeuvrer pour son bien, comme un bon roi doit le faire pour son peuple." La note est courte, mais dit en peu de mots tout ce qu'il y a à dire sur la responsabilité de l'homme envers la nature et envers ses semblables. Selon moi, tout ce qui ne va pas dans le sens de cette note fait fausse route.

Je passe presque tout l'après-midi à faire des gâteaux car nous avons une boîte de dix oeufs qui arrive presque à la date de péremption et à laquelle nous n'avons pas encore touché. Et c'est parti pour un brownie et des muffins. J'ai juste un petit problème : nous sommes un vendredi de Carême... Bon, c'est sûr que le Carême n'est pas aussi  contraignant que le Ramadan. Les Chrétiens aujourd'hui gèrent leur jeûne chacun à leur manière. Ce qui importe, c'est de choisir une (ou des) contrainte(s) qui nous permette(nt) de travailler spirituellement sur la notion de liberté. Sommes-nous esclaves de nos besoins matériels ou pouvons-nous nous en passer et nous prouver que nous sommes capables de nous en libérer par amour pour Dieu ? Cependant, dans l'Ancien Testament (je crois que c'est le livre d'Isaïe, mais je n'ai pas retrouvé le passage), Dieu fait un reproche à son peuple en disant à peu près ça : "Quand vous jeûnez, vous savez bien trouver le moyen de faire vos affaires et de vous quereller entre vous. Est-ce le jeûne qui plaît à Dieu que celui-ci ?" L'Eglise en a déduit que ce qui comptait n'était pas tant le jeûne de nourriture ou d'autres besoins matériels (se pomponner, jouer aux jeux vidéos... il y a plein d'exemples) que le jeûne spirituel (rendre service sans maugrérer, ne pas se fâcher avec ses proches, ne pas se laisser miner par les soucis du quotidien...) Du coup, comme la nécessité de ne pas gaspiller m'a poussé à faire de la pâtisserie (je sais, j'aurais pu faire une omelette et basta, mais la cuisson de la pâtisserie est plus sûre vu qu'on est proche de la date de péremption. Prudence est mère de sûreté...) et comme je ne suis pas assez parfaite (hélas ^^) pour laisser mon mari tout manger sans moi, je me suis dit que je pourrais essayer de jeûner de la mauvaise humeur (éviter d'être agacée à la moindre contrariété, garder le sourire devant la frustration, des trucs comme ça...) et je me suis assez vite rendue compte que c'était un défi des plus intéressants, parce qu'en ce temps de confinement, les contrariétés sont plus sensibles qu'en temps normal et que ce jeûne risquait d'être difficile à accomplir. Tant mieux, même si je dois éprouver des difficultés, je suis sûre que cela me fera du bien (ne serait-ce que pour réussir à résister aux coups de blues comme celui de jeudi !). N'empêche que, pour ce soir, pas question de toucher aux gâteaux. On est vendredi de Carême, quand même. Et le vendredi, jour où l'on fait mémoire de la mort de Jésus, le jeûne, même symbolique est un peu plus contraigant que les autres jours (sans entrer dans les détails, c'est ma façon à moi de vivre le jeûne du Carême).

Jour 22 : samedi 4 avril. Comme prévu, je déjeune en mangeant quelques muffins (je les ai faits aux raisins). ils sont un peu trop cuits. je n'ai pas assez fait attention à la chaleur tournante de mon four qui cuit mieux qu'un four traditionnel. j'aurais dû prévoir un temps de cuisson plus court. Tant pis, ils sont bon quand même. Je passe presque une heure au téléphone avec un proche qui se sent très seul. Ce confinement est vraiement une épreuve pour tous, mais certains en souffrent plus que d'autres. Après ce coup de fil, je ressens un sentiment d'impuissance. J'aimerais me précipiter chez cette personne pour la soutenir davantage, mais je sais que ce serait le pire service à lui rendre car, étant régulièrement en contact avec l'extérieur à causes des diverses nécessités du ménage (dont les courses...), je suis potentiellement porteuse du virus (ne serait-ce comme porteur sain, on ne sait jamais...). Et je trouve difficile de ne pouvoir rien faire d'autre que compatir derrière mon téléphone. ça aussi, c'est une épreuve, celle de ne pas pouvoir aider plus... Heureusement qu'il y a la prière : je peux offir à Dieu tous ces soucis, les miens et ceux de mes proches. "Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau et je vous soulagerai." C'est ce qu'a dit Jésus, et c'est ce qu'Il fait. Et ça fait du bien...

 Après une petite randonnée dans le chemin creux le plus proche (et oui, j'ai finalement décidé de tenter la ballade, avec une autorisation inutile en poche car je n'ai croisé aucun gendarme, mais sait-on jamais... Dans quel drôle de monde vivons-nous...), je passe l'après-midi à faire de la pâte à gauffre, puis à les faire cuire. On a enfin utilisé tous nos oeufs avant la date de péremption, mais j'ai des courbatures aux épaules à force d'avoir remué les pâtes à gâteaux...

Jour 23 : dimanche 5 avril. C'est le dimanche des Rameaux, avec rameaux (y'en a plein le jardin), mais sans procession et sans ma paroisse. Je regarde la messe à la télévision, comme tous les jours, presque depuis le début du confinement. J'y ai pris goût, surtout que celle que je regarde sur internet propose un petit temps d'adoration du Saint Sacrement après l'Eucharistie (que je ne peux recevoir que spirituellement, comme tous les paroissiens de France) et je trouve cela agréable. C'est une manière de compléter la communion spirituelle qui me semble la renforcer. Mon rameau a été béni à distance pour la première fois de mon existence... ça fait bizarre. D'habitude, les personnes qui ne pevent assister à la messe se font donner un rameau béni par des paroissiens qu'ils connaissent, mais là, aucun service de contact ne pouvant être rendu, la bénédiction passe par écran interposé... Comme quoi, l'Eglise peut vivre avec son temps...

Il fait beau et je ne me prive pas de ma petite ballade (la même qu'hier et avec les mêmes précautions inutiles). Je n'ai rencontré que des vaches qui se sont montées curieuses et sociables (c'est marrant, c'est la première fois que ces grosses bêtes ne se montrent pas effrayées...). De retour à la maison, j'ouvre toutes les fenêtres et laisse la porte ouverte. On n'a peut-être pas le droit de sortir de chez nous, mais le soleil, lui, a le droit d'entrer ! Cela permet de chauffer la maison à moindre frais, le chauffage étant coupé depuis deux jours (les températures le permettaient). Je m'interroge tout de même sur les "normales saisonnières". A mon avis, on est au-dessus. Le Covid-19 n'empêche pas le réchauffement climatique...

A la prochaine,

Kitty

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