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Le blog de Kitty

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10 mai 2020

Coronavirus : incertitude et confinement - journal de bord - chapitre 16

Hello Kittens,

Tout de suite, la suite...

Jour 55 : jeudi 7 mai. Ce matin, j'ai un rendez-vous incontournable en ville. Après le rendez-vous, je passe devant l'église paroissiale et me dis que rien ne m'interdit d'aller m'y recueillir un moment. La porte résiste, pas de chance : l'église est fermée. C'est bien ma veine, cela fait plus d'un mois que je n'ai pas pu mettre les pieds à l'église et le jour où l'occasion m'est donnée, elle est fermée ! C'est rude. (Je vais apprendre plus tard que l'église était fermée pour entretien. Et oui, confinement oblige, il n'y a pas moyen d'accueillir du monde quand il y a des gens à travailler dedans...) Tant pis...

Cet après-midi, le train-train habituel est perturbé par la nécessité de mettre un peu plus de coeur au jardinage avant que la pluie ne reprenne et la visite d'une personne de ma famille qui a besoin d'hébergement (je n'entrerai pas dans les détails, c'est privé). N'empêche que je suis contente de recevoir du monde ! ^^

Jour 56 : vendredi 8 mai. C'est l'armistice de la seconde guerre mondiale et on dirait que tout le monde a oublié. En même temps, comme le monde est à l'arrêt, comment pourrait-on célébrer l'armistice ? Etant encore officiellement conseillère municipale, je suis sensée assister à la cérémonie, mais je n'ai reçu aucune consigne du maire. Du coup, je ne bouge pas. De toute façon, ça tombe bien parce que mon "parent" (c'est le terme générique pour dire :"personne de ma famille") est arrivé et je n'ai pas vraiment le temps de me soucier de ce problème. Je n'ai plus guère le temps, non plus, de tenir ce journal de bord. J'ai donc décidé de l'arrêter prématurément. On verra bien quand je pourrai à nouveau y consacrer du temps. Je vais tâcher de le relire demain ou après demain avant de le publier et ensuite... qui vivra verra...

En attendant, je vous dis à la prochaine,

Kitty

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6 mai 2020

Coronavirus : incertitude et confinement - journal de bord - chapitre 15

Hello Kittens,

Voici la suite de notre feuilleton bi-hebdomadaire...

Jour 52 : lundi 4 mai. Je me remets tranquillement dans mon petit train-train de fabrication de masques (un peu plus lentement, vous savez pourquoi...), de crochet et de couture sur fond d'échange de nouvelles via les réseaux sociaux. Cet après-midi, je me décide à me remettre à mes opérations de détartrage. Cette fois, c'est la salle d'eau du bas. Et je rencontre un grosse résistance en bas du miroir : une tache de tartre résiste au produit à vitre. Je décide de mettre directement de l'anti-tartre et, après une demi-heure d'attente pour laisser agir le produit, ça part tout seul. Ouf ! j'ai cru que je n'en viendrai pas à bout.

En soirée, je tombe sur une vidéo dans laquelle une généticienne dit que le comportement anormal du virus covid-19 met le doute dans la tête de nombreux scientifiques. Elle explique que les coronavirus sont des virus d'animaux qui se transmettent difficilement à l'homme (cf H1N1, SRAS et compagnie : très peu contagieux). Ce qui n'est pas le cas de covid-19, qui a un taux de transmission de 2 ou 3 (c'est énorme : la courbe de transmission est une courbe exponentielle plus rapide que la traditionnelle de base e, pour ceux qui se souviennent de leurs cours de math...), ce qui veut dire qu'une personne contaminée peu transmettre le virus à 2 ou 3 personnes, quasiment à chaque contact (pas juste une fois par jour, vous imaginez le taux de contagion de "ouf", comme disent les "djeun's" ^^). Du coup; l'idée que le virus ait pu être créé par l'homme a commencé à germer dans la tête de certains... mais la généticienne explique que, comme on n'a pas d'information fiable de la part des Chinois (pour le dire gentiment...^^), on ne peut pas trop étudier la question à partir de ces données. Donc le seul moyen d'en être sûr, c'est de faire son analyse ADN et c'est quand même long à faire. Ce qui veut dire qu'il faudra attendre un peu avant d'avoir le fin mot de cette histoire, mais bon, je crois que le pangolin est déjà mis hors de cause... ^^ En plus, elle dit qu'attendre le vaccin ne sert à rien parce que la solution "tout vaccin" n'en est pas une (surtout que les virus ont tendance à muter facilement...). Elle préconise plutôt des anti-viraux (naturels ou non - vive la propolis !^^ - je blague, mais j'ai peut-être tort...) et est plutôt favorable à la solution du professeur Raoult (qui n'est peut-être pas aussi charlatan que les médias conventionnels ont l'air de vouloir le croire...), mais il y en a d'autres. Donc faites confiance à vos médecins (sauf s'ils vous proposent des anti-sida à 400 € la boîte, là faut se méfier...^^). Dans cette histoire, ce qui m'inquiète, c'est le mélange d'informations plus ou moins fiables et dont les plus solides ne viennent pas forcément du gouvernement. Ce dernier a d'ailleurs un rôle pour le moins ambigü dans la gestion des informations, quelles qu'elles soient, ce qui n'aide absolument pas à restaurer une confiance déjà fort ébranlée avant cette crise... Et je dis les choses gentiment (une fois de plus)...

Jour 53 : mardi 5 mai. "Jour de courses", le retour... J'en ai tellement marre du confinement que j'oublie successivement la glacière pour les produits frais et mes gants de ménage pour me protéger les mains (non que le virus s'attrape par les mains, mais allez vous grater derrière le masque avec des gants de vaisselle...^^). Bref. Au magasin, le parking est presque aussi plein qu'avant la crise sanitaire, mais il y a encore plus de gens avec des masques sur le nez. Et je remarque une chose intéressante : les personnes qui ont un masque sur le nez respectent davantage les distances "sanitaires" (on va dire ça comme ça) que les autres... sauf qu'on fait un peu peur avec nos masques et que ceux qui n'en ont pas ont quand même tendance à éviter ceux qui en ont... c'est déjà ça de pris...^^ Bref. Il y a à nouveau pénurie de gal hydroalcoolique (mais à mon avis, il doit y avoir des petits malins qui sont venu plusieurs fois au magasin dans la même journée pour en acheter histoire de faire du stock... Et je ne dois pas beuacoup inventer...) , ce qui n'est pas surprenant. Ce qui me gêne davantage, c'est qu'il n'y a presque plus de chocolat et ce depuis deux semaines... vais-je en manquer ?!! (Réponse la semaine prochaine...^^). De retour à la maison, je me sens très fatiguée. Bien que je n'aie pas été particulièrement stressée, je pense que je devais être en état d'hyper-vigilence, ce qui expliquerait que ces courses, somme toute, banales m'aient autant fatiguée.

Pour le reste de la journée : train-train habituel et coup de blues en fin de journée...

Jour 54 : mercredi 6 mai. Grosse fatigue et coup de blues qui continue. Je remonte tout doucement la pente en lisant des articles intéressants et en visionnant des vidéos qui donnent la pêche. En fin de journée, ça va mieux. Je n'ai rien fait d'extraordinaire à part du jardinage (la suite du désherbage des arbustes, parce que j'en ai pour un moment...)

A la prochaine,

Kitty

3 mai 2020

Coronavirus : incertitude et confinement - journal de bord - chapitre 14

Hello Kittens,

"L'aventure immobile" continue...

Jour 48 : jeudi 30 avril. Ce matin, je me consacre à la lessive, tout en essayant encore de détartrer mes toilettes. L'après-midi, je fais également un peu de vaisselle et mets les bouchées doubles sur les masques car il faut que j'essaye de faire un modèle enfant pour une famille amie (j'ai presque fini le dernier masque adulte pour eux). Après avoir changé de produit (la bouteille du premier étant finie), j'obtiens enfin des résultats significatifs pour le détartrage de mes WC. En attendant, j'ai pu également nettoyer le sol de fond en comble. J'ai, en effet, passé la serpillère il y a peu de temps, mais je n'avais pas pu atteindre le fond de la pièce trop exigüe et aussi à cause des tuyaux d'évacuation (c'est bon, je ne vais pas faire un plan, quand même... ^^). Bref, j'ai frotté à l'huile de coude et c'est tout propre.

Jour 49 : vendredi 1er mai. Un peu de perturbation dans la monotonie des jours : nous recevons l'enfant de nos amis, qui ont besoin de souffler un peu. Voilà, c'est la fête du travail, donc c'est férié et nous, on bosse : garde d'enfant. En même temps, ce n'est que justice : on a été en vacances pendant plus d'un mois... ^^ Blague à part : je suis contente de rendre service à nos amis. Pendant que je fais la lessive et continue les masques, mon mari s'occupe de l'enfant ; et pendant qu'il fait la vaisselle et la sieste, c'est moi ^^. On sort les vieux albums, le coloriage et les jeux de société. Quand le papa (ben oui, confinement oblige : les parents ne peuvent pas venir tous les deux) est reprarti avec son enfant, je me retrouve un peu ahurie : la journée a passé très vite. Bon, où est-ce que j'en étais, déjà ? Je ne peux pas dire que l'enfant était en mode cyclone, pas plus qu'il n'ai été si sage qu'on l'oubliait, c'était un peu entre les deux : beaucoup de bonne volonté, mais aussi de curiosité et de demande d'attention. Ce qui fait que, une fois parti, il laisse un creux que l'on ressent tout de suite... C'est une expérience intéressante... J'ai déjà gardé mes nièces, mais comme elles sont plus âgées, elles se gardent presque toutes seules et ce n'est pas la même sensation. C'est amusant de pouvoir comparer des expériences de cette façon. En tout cas, j'aime bien...

En revanche, là où je galère, c'est pour la fabrication des masques. Le fil en bobine pour la couture à la machine est consommé à grande vitesse et je commence sérieusement à en voir la fin. Or j'ai de plus en plus de mal à m'en procurer à mon magasin car le rayon couture n'est pas réapprovisionné. Je me résous donc à utiliser le fil de polyesther pour le surfilage (alors que je l'avais mis de côté pour les sur-blouses, mais je n'ai pas de nouvelles, donc en attendant d'avoir des nouvelles, je fais avec ce que j'ai...) et à faire à la main l'assemblage invisible (je ne manque pas de bouts de fil de récupération, seulement ils sont trop courts pour être utilisables sur la machine) et je réserve le fil de coton en bobine pour l'assemblage visible que je fais à la machine (pour que les finitions soient propres car à la main, il y a toujours quelques points de travers qui ne font pas jolis). Du coup, je vais forcément devoir ralentir ma production de masques, mais je n'ai pas vraiment le choix. Je dois faire durer mon fil le plus longtemps possible, sinon, je serais obligée de renoncer à faire des masques. Or il en manque encore de partout, même si des magasins ont annoncé avoir des stocks faramineux (d'où est-ce qu'ils les sortent, ceux-là ? Alors qu'il en manquait et en manque sans doute encore dans les hôpitaux et en EHPAD ! D -X). Et de toute façon, les prétendus stocks sont de masques jetables, donc bien moins intéressants que les masque en tissu faits maison (faits avec des métériaux récupérés et lavables, donc bien plus écolo, juste comme ça...)

Jour 50 : samedi 2 mai. La réflexion du jour concerne la réaction des gens à la crise et notamment le fait que l'Eglise catholique semble assez peu réagir aux décisions du gouvernement, voire réagit de façon consensuelle et obéissante, "comme un gentil troupeau de brebis", ne manqueront pas de dire les mauvaises langues... Mais c'est assez mal connaître l'Eglise catholique, qui est, certes, moins ouvertement critique qu'elle a pu l'être autrefois vis à vis des gouvernements du monde. Quand on regarde le pape François, on peut remarquer qu'il ne manque pas de mettre les gouvernements face à leurs responsabilités quelles qu'elles soient en glissant dans ses homélies des remarques concernant l'actualité (notamment sur les esclaves modernes et les nouvelles formes d'esclavage qui sont nées au cours de la crise sanitaire actuelle. Il me semble que c'était dans son homélie d'hier lors de sa messe quotidienne à la maison sainte Marthe). La dernière lettre des évêques de France à propos du déconfinement fait état de "situations de précarité" auxquelles l'Eglise de France souhaite donner une réponse caritative en reprenant ses activités bénévoles. En fait, la question n'est pas de critiquer ou non le régime actuel, de le soutenir ou non. L'Eglise n'a pas à avoir une opinion politique tranchée, ce n'est pas son affaire car le royaume de Dieu n'est pas de ce monde. Son affaire, qui est celle de tout chrétien, c'est de guider ses membres pour qu'ils suivent l'Evangile. Et qu'est-ce que suivre l'Evangile sinon de nourri et habiller les pauvres, visiter les malades (et les soigner si on le peut...) et les prisonniers, bref venir en aide aux plus démunis et cela par respect de la Personne Humaine (ce respect étant une des faces de l'Amour du Christ) ? Et s'il paraît important pour la justice que ceux qui ont des responsabilités les assument, il est tout aussi important de savoir pardonner. Attention, pardonner, ce n'est pas effacer l'ardoise et oublier. Pour qu'il y ait pardon, il doit y avoir aveux de la faute (ou de la responsabilité, qu'importe le vocabulaire...) et contrition, c'est-à-dire regret et volonté de réparation. Le pardon accompagne la réparation et soulage le responsable à mesure qu'il répare. Et si la faute (ou responsabilité) n'est pas oubliée, elle ne pèse plus et devient non pas une marque d'infâmie, mais une expérience, certes négative, mais qui permet à son responsable de ne plus recommencer (et il recommencera d'autant moins qu'il sera soutenu dans la nouvelle voie réparatrice au lieu d'être stigmatisé pour avoir commis une faute). C'est selon moi la vraie justice que d'agir ainsi et je pense que c'est, globalement, la façon de faire de l'Eglise catholique, même si elle peut le faire parfois assez maladroitement et, surtout, même si elle le fait loin de la couverture médiatique. Ce n'est pas non plus son genre de faire quelque chose de bien et de le claironner à la face du monde. Ce qui fait qu'on oublie assez vite qu'elle fait beaucoup plus de bien que ses quelques membres "déviants" (pour les désigner de façon globale) ne font de mal... (Pour être juste, je dois préciser qu'il existe un pardon sans réparation, mais c'est un cas très exceptionnel qui ne peut être accordé que par la victime d'une "faute" malgré le refus ou en l'absence du "fautif". Je ne détaillerai pas plus ici parce que c'est assez difficile à expliquer...)

Sinon, la journée se déroule tranquillement suivant le train-train devenu habituel et avec le rallentissement obligatoire opéré dans la réalisation des masques dont j'ai parlé hier. J'ai juste à noter un petit bout de jardinage (du désherbage manuel là où la tondeuse ne passe pas) entre deux averses (pas très fortes, mais suffisantes pour nous confiner plus que d'habitude...^^).

Jour 51 : dimanche 3 mai. Comme tous les dimanches, c'est messe et prières avec un peu de couture à la main et de crochet (toujours mes projets longs. je n'ai pas fait de projet court depuis un bon moment maintenant...). Une petite ballade le long de la route car je n'ose pas aller dans le chemin creux, probablement devenu boueux à cause des pluies des derniers jours. Et c'est tout...

A la prochaine,

Kitty

 

29 avril 2020

Coronavirus : incertitude et confinement - journal de bord - chapitre 13

Hello Kittens,

Suite de notre "aventure immobile"...

Jour 45 : lundi 27 avril. J'ai passé la matinée à échanger des nouvelles sur facebook. Celles que postent mes amis et ma famille tournent beaucoup autour de la même idée : il ne croient pas que le déconfinement du 11 mai soit une bonne idée car il a l'air très mal organisé (et là, je donne la version gentille...^^) et la raison de ce confinement semble assez clairement que le gouvernement met la priorité à la sauvegarde de l'économie avant celle de la population. D'où un mélange de peur et de colère qui s'agite et gronde sur les réseaux sociaux. Beaucoup de chaînes d'information sur Youtube s'en font l'écho et cela va jusqu'aux médias "conventionnels" et consensuels, qui commencent à se poser des questions. Et là, on voit vraiment une faille apparaître car pour que les médias "conventionnels" aillent jusqu'à douter, ne serait-ce qu'un peu, de ce que le gouvernement leur demande de dire à la population, il faut vraiment qu'il y ait un gros problème de gestion de crise...

Le résultat de ce "binz", c'est que je me choppe un gros coup de blues et que je tourne dans la maison sans réussir à me décider à commencer quoi que ce soit. Je réussis seulement à lancer une lessive "supplémentaire" avec un dessus-de-lit et quelques pièces de fragile qui réussit à finir de sécher avant la grosse averse qui nous tombe dessus vers le milieu de l'après-midi. Comme la météo n'arrange pas mon moral, je passe le reste de l'après-midi au téléphone avec ma famille. Cela finit par me rasséréner et je passe une soirée pas trop mauvaise devant des vidéos de détente.

Jour 46 : mardi 28 avril. Comme toutes les semaines, ou presque, aujourd'hui, c'est l'expédition alimentaire. Autrefois, l'homme de Cro-Magnon partait en expédition de chasse pour nourrir sa famille. il risquait sa vie en combattant le gibier qui ne se laissait pas toujours faire... En ce moment, c'est la femme moderne qui part en expédition au magasin du coin pour nourrir sa famille et elle risque, peut-être..., sa vie en s'exposant (toujours peut-être) à un méchant virus qui a contraint le gouvernement à mettre toute la population en confinement. Au final, c'est encore une expédition... ^^. Bref. Pour le rste, il n'y a pas grand chose à dire : un peu plus de gens avec des masques sur la figure, des magasinières (inconscientes ?) qui en ont tellement marre d'avoir un masque sur le nez à longueur de journée qu'elles le gardent sur le menton (même en présence des clients !!! Apha-Bravo, attention, attention ! Alerte postillons à deux heures ! ^^ Ben, oui, quand elles se parlent sans masque sur la bouche, faut pas approcher... enfin, potentiellement... parce que c'est ça le plus pénible : comme personne n'est testé, on ne sait même pas s'il y a un risque de se le chopper, ce p*** de virus ! Bazar ! Et j'en ai assez de tendre le dos probablement pour rien !) et une bonne nouvelle : il y a enfin du gel hydroalcoolique en vente (bon, seulement une petite bouteille de 60 ml de la marque du magasin et réduite à une bouteille par passage en caisse, mais c'est déjà ça de pris...). Par contre, il n'y a plus de solution antiseptique. Bon ce n'est pas comme si j'en manquais, mais j'aurais voulu éviter d'être en flux tendu sur ce produit... Tant pis.

Cet après-midi, je passe du temps au téléphone avec une amie que je n'avais pas entendue depuis plus d'un mois. On a dû y rester presque une heure. ça m' a fait plaisir de l'entendre, même si le désir de se retrouver "en présence", si je puis dire, se fait plus douloureux. Je suis quelqu'un qui supporte assez bien l'isolement, mais qui est quand même très sociable et j'apprécie particulièrement les moments de convivialité. Alors avec ce confinement, qu'est-ce que ça peut me manquer ! J'ai vu une vidéo dans laquelle des représentants de l'Eglise catholique expliquaient que les évêques de France avaient demandé à ce que les messes puissent reprendre le plus tôt possible après le 11 mai, dans les conditions de sécurité qu'exigerait le gouvernement, bien sûr. Et j'avoue que je me suis trouvée très partagée entre le danger que peut représenter le rassemblement dominical (même avec des règles de sécurité, parce que ce n'est pas vraiment possible d'aller communier avec un masque sur le nez... donc...) et le profond désir de partager, enfin !, l'Eucharistie et de revoir les autres membres de la paroisse (ceci dit, comme je suis très attachée aux démonstrations d'amitié, je me vois difficilement retrouver mes amis et leur faire coucou de loin quand je brûle d'envie de les serrer dans mes bras. ça risque d'être plus difficile à vivre que de les avoir au téléphone...)

Jour 47 : mercredi 29 avril. Ce matin, je pars à nouveau en expédition. Je dois poster plusieurs courriers, donc j'en profite pour déposer des masques chez une amie qui en a besoin et pour faire des courses supplémentaires dans la petite ville où elle vit et où se trouve le bureau de poste. Je donne également des masques au vigile qui surveille la poste (il m'avait demandé si je pouvais lui en faire). Dans ce magasin-là, il n'y a pas grand chose à dire sinon que je ressens d'étranges picottements aux yeux. Est-ce une coïncidence ou ont-ils mis en place un système de désinfection de l'air ? En effet, les picottements me rappellent vaguement la sensation que j'avais en sortant de la piscine municipale, dont l'eau est chlorée pour lutter contre les germes que nous brassons involontairement en fréquentant cet établissement.

Cet après-midi, en alternance avec mon train-train habituel, je m'attaque à un gros morceau de ménage : détartrer les toilettes. Je le fais en alternance,car il faut laisser agir les produits détartrants. A la fin de la journée, c'est loin d'être gagné : l'extérieur du siège de toilette est nickel, mais je n'ai pas enlevé la moitié du tartre qui s'est incrusté à l'intérieur. Je suis un peu découragée...

A la prochaine,

Kitty

26 avril 2020

Coronavirus : incertitude et confinement - journal de bord - chapitre 12

Hello Kittens,

Nous poursuivons notre "aventure immobile" avec toujours autant d'incertitudes et toujours plus de voix dans les médias non télévisuels (je vous ai déjà dit que je n'avais pas la télé ?) pour s'insurger contre la gestion que le gouvernement fait de cette crise sanitaire...

Jour 41 : jeudi 23 avril. C'est jour de lessive. Pendant que la machine tourne, j'entreprends de passer l'aspirateur à l'étage. Cet après-midi, après avoir étendu le linge, je fais une ballade puis me remets à la couture et au crochet, comme d'habitude... En fin de journée, je me décide à nettoyer quelques pots en verre qui traînent en attendant que je me décide à les mettre de côté pour mes récoltes de plantes ou à les mettre au tri sélectif.

Jour 42 : vendredi 24 avril. Deuxième jour de lessive pour la semaine. Ce matin, je passe l'aspitateur au rez-de-chaussée et termine la matinée en repassant le linge lavé hier (seulement celui qui doit être repassé). Cet après-midi, j'étend le linge et continue mon train-train habituel en attendant la fin des "heures chaudes" (il est recommandé, quand il fait un beau soleil comme aujourd'hui, d'éviter de s'exposer entre 2 et 4 heures car ce sont les heures les plus chaudes de la journée. C'est encore plus vrai en été, mais j'ai expérimenté qu'il devient de plus en plus pénible de jardiner pendant ces heures-là). Je jardine donc une petite heure avant d'aller ramasser mon linge qui a bien séché. Je plie et range directement ce qui peut l'être et mets de côté ce qui doit être repassé. Je reprends mon train-train pour le reste de la journée.

Jour 43 : samedi 25 avril. Ce matin, je me décide à passer la "cinse". C'est un mot de patois vendéen hérité des souvenirs de premier emploi en maison familiale de ma mère et qui signifie "serpillère". De la première fois où elle a évoqué ce souvenir, le mot a gardé une saveur à la fois exotique et noble. C'est tellement plus amusant de dire : "Je vais passer la cinse" que "Je vais passer la serpillère" ! ^^. Bref. Comme je ne l'ai pas passée de l'hiver (quand on ramène du bois pour le poële, on ramène de la gadoue et des morceaux d'écorce qu'il faut balayer tous les jours, alors la "cinse" est priée d'attendre les beaux jours...), le sol est bien taché et il me faut frotter fort à certains endroits. Du coup, ça me prend toute la matinée pour faire le rez-de-chaussée (l'étage est en parquet et n'a pas besoin de serpillère, sauf accident rare). Comme il fait beau, la salle à manger est sèche pour midi. C'est le plus impportant. Le reste finit de sécher pendant le repas.

Cet après-midi, je reprends mon train-train de couture-crochet pour me reposer de ma suée de ce matin (le grand ménage de printemps, c'est pas de la tarte ! ^^). Je jardine un peu en fin d'après-midi et nettoie encore quelques pots supplémentaires que j'ai dénichés dans un coin en passant la cinse (j'avais dû les mettre de côté et je les aurais oubliés là...).

Jour 44 : dimanche 26 avril. Comme tous les dimanches, aujourd'hui, c'est prières et ballades (oui, au pluriel : il faut beau et je suis sortie me promener trois fois. J'en ai assez d'être enfermée à longueur de journée...). Bon, ben, rien de plus...

A la prochaine,

Kitty

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22 avril 2020

Coronavirus : incertitude et confinement - journal de bord - chapitre 11

Hello Kittens,

Je crois me souvenir du titre d'une oeuvre, écrite je pense, intitulée "aventure immobile" ou quelque chose comme cela. C'est un peu l'impression que me donne cette période, à la fois inédite et aventureuse par la menace invisible du virus et la faillite économique qui nous pend au nez, et banale dans ce quotidien confiné où nous tournons entre quantre murs (et encore, je suis privilégiée avec mon jardin et ce chemin creux assez près de chez moi pour ne pas craindre de rencontre du genre "Papieren, bitte !", d'ailleurs, je n'ai encore croisé personne sur ce chemin creux, à part un chien qui m'a prise pour une brebis égarée... lol ! Il m'a aboyé dessus pendant au moins dix minutes parce que je ne voulais pas le suivre... ^^)

Jour 38 : lundi 20 avril. Ce matin, c'est la visite de contrôle pour mon vieux chat. J'en ai fait un cauchemar pendant la nuit. Quelle idée ! Du coup, j'étais à moitié stressée au réveil. Se rajoute là-dessus un communiqué administratif peu rassurant et j'arrive à la limite de la crise d'angoisse. Quelques prières plus tard, ça va mieux. Ma panacée, c'est Jésus. (Rigolez pas, même si je le dis de façon assez triviale, c'est vrai. D'ailleurs, j'en ai oublié de prendre mes médicaments contre le stress...). Je fais une dizaine de chapelet en conduisant parce que j'aime prier et pour éviter de trop gamberger. Chez le vétérinaire, il y a presque foule. J'attends environ une demi-heure, peut-être un peu moins car l'attente me paraît longue. Pour éviter toute contamination, je ne touche à rien (j'ai de toute façon évité d'emmener ce qui me sert habituellement de passe-temps et d'anti-stress en même temps : mon crochet et un livre). Du coup, je regarde tout (les gens doivent me prendre pour une hallucinée derrière mon masque - en tout cas, le fait d'en avoir un les tient à distance. On dirait que je les impressionne...). La chatte du cabinet déambule dans le hall d'attente, très décontractée. Elle décide de prendre en charge un capuchon de stylo et offre  aux pauvres humains en attente un peu de divertissement et de détente par son petit numéro. Elle va finalement s'installer sur un siège pour surveiller les activités de la standardiste qui fait rien que l'ignorer (ce n'est pas faute d'avoir miaulé pour attirer son attention, chat alors ! ^^). C'est enfin mon tour... enfin presque : le véto me fait poireauter dans son cabinet le temps de régler les derniers détails avec le client suivant et de passer un coup de désinfectant partout. Mon chat, comme tu es lourd dans cette boîte ! Je peux enfin la poser sur la table de consultation et sortir mon chat, toujours avec les mêmes difficultés (il déteste les visites chez le véto ! ^^). Il est fasciné par l'appareil qui mesure sa tension et, pendant la manoeuvre du véto, je parviens à le calmer suffisamment pour permettre une mesure significative. Ouf ! Il ne fait pas d'hypertension. En revanche, sa glycémie a monté en flêche. Zut, alors ! Le véto explique qu'il existe chez le chat une glycémie de stress (il y a même des chats qui font des poussé de glycémie alors qu'ils ne sont pas diabétiques...). Bon. Il augmente quand même la dose d'insuline à lui injecter, par sécurité et rendez-vous dans quinze jours. La prochaine fois, comme on ne fera que le test de glycémie, on aura peut-être un résultat correct. En effet, vu que mon chat est, comme moi, un "stressé-de-la-vie", on ne peut être sûr de rien. Le véto m'a donné quelques conseils pour réussir à le rassurer au prochain rendez-vous. On verra si ça marche...

Après un petit tour à la pharmacie, je rentre à la maison avec presque une heure de retard sur l'horaire du déjeuner, mais mon mari ne râle pas trop. Il est habitué aux incertitudes liées aux déplacements extérieurs et arrive à gérer (c'est que, pour les autistes, en général, l'heure, c'est l'heure !). Cet après-midi, je traîne un peu devant mon ordinateur, moins efficace que d'habitude à mes travaux de couture ou de crochet (c'est probablement le contre-coup de l'angoisse de ce matin). J'ai eu des nouvelles de mon problème administratif et il semble se résoudre... Enfin, j'espère... Avec cette administration, je tend un peu le dos. Ils ont une légère tendance à la psycho-rigidité qui ne me rassure pas beaucoup (d'où l'angoisse). Mais bon, j'ai un interlocuteur compréhensif, ce qui permet d'avoir des rapports pas trop tendus, c'est déjà ça... Je ne me mets au jardinage qu'en milieu d'après-midi, mais y passe presque une heure et demie. je me défoule sur les herbes hautes que je coupe à la faucille pour dégager mes rosiers (et les ronces ? J'en ai coupé un peu aussi, mais aujourd'hui, j'avais besoin d'évacuer ma tension et les coups de faucille pour couper le chien-dent ou les pieds d'angélique qui sont assez épais et offrent de la résistance, c'est parfait pour ça... ^^). J'ai presque fini de dégager mes rosiers quand je déclare forfait. La suite demain, ou un autre jour, on verra... Retour à la maison pour le train-train habituel, avec un peu plus d'allant, quand même. Le jardinage, ça fait du bien !

Jour 39 : mardi 21 avril. Ce matin, je vais faire les courses. J'espérais convaincre mon mari de ne faire les courses que toutes les semaine et demie afin de moins m'exposer. Peine perdue, entre le manque de produits frais (et de pain, Argh !!) et le changement des habitudes, mon mari n'a pas tenu le choc : "on manque de tout !!!" - "Mais non, chéri, les placards sont pleins de conserves et de paquets de pâtes." - "Non !! Tu dois y aller, c'est URGENT !!!" (Bref. Cet échange est inventé). Je grossis un peu le tableau pour simplifier, mais je ne suis pas loin de la vérité : les autistes n'aiment pas que l'on change leurs habitudes et n'aiment pas non plus manquer de leur nourriture habituelle. Et même si mon mari accepte les changements, il doit garder la main pour pouvoir les gérer psychologiquement (autant dire que je suis aux ordres... ^^). Du coup, je pars en expédition : cheveux noués en chignon, je mets un béret en guise de fraise pour me protéger les cheveux, mon masque en tissu et des gants de ménage ainsi qu'un manteau long. Je suis parée. Autant y aller avant qu'il fasse chaud, sinon, je vais crever ! ^^ Au magasin, je ne rencontre aucune difficulté particulière à part des postes de pénurie singuliers, mais peut-être pas si étranges que cela (il n'y a plus de conserve de coeurs de palmier, mais en même temps, le palmier ne pousse pas en France... Et sinon, toutes les autres conserves de légumes pouvant se mettre en entrée sont présents...) Il n'y a donc rien de bien méchant concernant l'approvisionnement des rayons (sauf qu'il n'y a toujours pas de gel hydroalcoolique ou d'alcool à 70°... même si cette pénurie ne me concerne pas directement pour le moment... mais ça me pose question si la date de déconfinement est maintenue... on a vraiment peu de moyens de protection...). En revanche, je constate que le comportement des gens concernant les gestes barrière s'est relâché. Dans certains rayons, les gens sont les uns sur les autres et sans aucune protection (cela m'inquiète pour eux : si un seul d'entre eux est infecté mais asymptômatique, il les aura tous infectés... D'accord, ce n'est qu'une hypothèse et les risques dans cette campagne reculée sont-ils si grands ? Et bien, le problème, c'est qu'on ne peut pas savoir ! Et le gouvernement n'a toujours pas assez de tests pour permettre de savoir. Donc il va déconfiner sans savoir s'il nous met dans la merde ou non ! ça, c'est de la stratégie ! Houra pour notre merveilleux gouvernement qui nous protège si bien ! C'est bon, j'en ai assez fait...). Je me contente d'éviter les cohues, quitte à attendre un peu, et je finis mes courses sans incident. A la maison, mon mari accepte de jouer le jeu et ne touche pas aux courses... sauf à la pizza (Grrr !!!) mais il m'explique qu'avec la température négative, il y a le temps de déballer la pizza, non contaminée, de la mettre au four et de se débarasser des emballages avant que le méchant virus se réveille, donc on ne risque rien. Je me rends à ses arguments et nous dégustons notre pizza au coronavirus sans coronavirus ^^ (vivement la fin de cette épidémie ! ^^).

Cet après-midi, je finis de dégager mes rosiers et d'enlever presque toutes les ronces de mon mur. Maintenant, il ne reste plus qu'à faire le tri entre le lierre, le simili-lierre (je ne connais pas son nom botanique ou courant) et le chèvrefeuille (je voudrais garder le chèvrefeuille et peut-être un peu de lierre, mais pas le simili, qui fait des baies presque noires et ne m'inspire pas confiance). Bref, j'ai encore du travail. De toute façon, je dois aussi dégager mes roses trémières qui poussent au milieu d'une jungle de chiendent et autres adventices (ces sont les plantes courantes que l'on a tendance à qualifier de mauvaises herbes et qui ne le sont pas toutes...). Au bout d'une bonne heure de jardinage, je rentre me remettre à mes travaux d'aiguilles et de crochet (incluant la fabrication de masques que j'avais laissé de côté hier) devant mon ordinateur. Je fais également un peu de ménage.

Jour 40 : mercredi 22 avril. Ce matin, je range les courses et continue la fabrication des masques. Cet après-midi, après avoir fait un tour au point d'apport volontaire pour déposer mes déchets de tri (harnachée comme pour les courses : c'est un foyer de contamination beaucoup plus probable qu'un magasin), je décide de faire un petit tour de randonnée à la place du jardinage (envie de faire un pause). Bien m'en a pris, car le soleil tappe. A mon retour à la maison, je reprends mon train-train d'hier. Rien d'autre à signaler à part des coups de téléphone d'amis qui rompent agréablement la monotonie...

Allez, à la prochaine,

Kitty

 

19 avril 2020

Coronavirus : incertitude et confinement - journal de bord - chapitre 10

Hello Kittens,

Jour 34 : jeudi 16 avril. Déjà le chapitre 10. Si on m'avait dit que j'écrirais ce journal de confinement aussi longtemps, je ne l'aurais sans doute pas cru. Cependant, comme me l'a rappelé mon mari, en Chine, le confinement de Wuhan a duré 77 jours et ils ont pris des mesures bien plus drastiques que chez nous. Il faut donc s'attendre à un confinement au moins aussi long. Quoique... l'aperçu rapide d'une vidéo que visionnait mon mari (il laisse toujours la porte de son bureau ouvert, donc j'ai surpris quelques mots...) laissait à entendre que le gouvernement envisagerait vraiment un déconfinement (partiel ?) à partir du 11 mai. Si cela se confirme, alors se confirmera également un sentiment que j'avais depuis le début du mandat de Macron : ce gouvernement, Marcon en tête nous déteste et nous méprise. Sérieusement, s'il décide de déconfiner au 11 mai, alors qu'un rapport de l'OMC annoncerait le pic de contamination en France autour de cette période, c'est qu'il veut nous tuer... ou plus exactement tuer les plus faibles et affaiblir les plus forts. Parce que ceux qui résistent au covid-19 en sortent absolument lessivés et incapables de tenir debout pour encore des semaines... Je ne sais pas si les membres du gouvernement réalisent qu'après avoir mis à mal leur économie à cause de leur mauvaise gestion, essayer de la faire repartir trop tôt risque fort de supprimer la main d'oeuvre et donc de faire encore plus plonger l'économie... A moins que la théorie du grand remplacement soit une réalité et que leur plan soit de remplacer la population française pauvre et besogneuse par... des travailleurs détachés d'Europe de l'Est qui coûtent moins cher en salaire et en charges sociale...!!! Evidemment, c'est une boutade. Je ne suis pas complotiste. Cependant, étant donné les décisions toutes aussi farfelues et dommageables qu'inefficaces prises par le gouvernement (avec une com' qui dit une chose et son contraire presque dans la même journée, mais à part ça tout va très bien...), on peut s'attendre à tout... Et je ne suis sans doute pas la seule à tendre le dos en me demandant quelle catastrophe politique va encore nous tomber dessus pendant que nous sommes quasiment prisonniers de nos domiciles. J'ai visionné il y a quelques jours le témoignage d'un type assigné à résidence, ben c'est exactement ce qui nous arrive : toute la population est assignée à résidence et doit montrer patte blanche au moindre déplacement ("Ausweis und Passieren, bitte !").

Bon, c'était la réflexion du jour. Pour le reste, les jours se suivent et ont un peu tendance à se ressembler. Je réussis à terminer (enfin !) mon repassage, mais comme je lance une nouvelle lessive, jen aurai à nouveau demain ! (snif ! J'ai à peine l'impression de me prendre pour Sisyphe...^^).  Je termine également un masque bien que j'aie passé presque tous l'après-midi au téléphone et le reste sur facebook à échanger des nouvelles. Quant à la matinée, elle a servi surtout au bricolage : mon mari a reçu sa commande d'un appareil électrique anti-mouches et moustiques (genre barbecue électrique vertical avec des néons à lumière bleue) et il voulait absolument le suspendre à la mezzanine pour plus d'efficacité. Bon, je suis contente qu'il ait fait cette commande car les mouches commençaient à nous envahir, même si au départ, je trouvais que c'était pas forcément pertinent de faire une telle commande en cette période... (c'est bien pratique quand même...) C'est là que l'on se rend compte que la notion de nécessité première n'est pas forcément si évidente que cela. Quand la deuxième canette (c'est une bobine de fil spécial qu'on met dans la machine à coudre) se vide, je me rends compte que je vais sans doute manquer de fil pour faire mes masques (et peut-être aussi les sur-blouses) car le rayon mercerie de mon magasin est presque vide, n'est pas réapprovisionné et que beaucoup de fournisseurs sur internet ont fermé pour le confinement (y compris Amazon, dont les enterpôts ont été fermés par décision judiciaire, ça tombe mal...). Quand la production de masque (même par des particuliers) est une nécessité presque vitale et que le fil vient à manquer, on se rend compte qu'il n'y a pas que la nourriture et l'hygiène qui sont des postes de production essentiels... C'est là qu'on réalise que les choses ne sont jamais aussi simple qu'on pourrait l'imaginer (ou le souhaiter...).

Jour 35 : vendredi 17 avril. Comme je l'ai dit hier, les jours ont tendance à se ressembler. Après l'enthousiasme de la fête de Pâques, je retourne progressivement dans un petit train-train ronronnant ponctué de chamailleries plus ou moins agacées, plus ou moins complices selon l'humeur. De façon générale cependant, les nouvelles peu avenantes ne parviennent pas à me replonger dans la morosité qui pécédait la semaine sainte, comme si la traversée de la Passion du Christ avait lavé le stress et la mélancolie pour ne laisser que la paix du Ressuscité.

Aujourd'hui, le bricolage du matin consiste  à détartrer la fontaine électrique dans laquelle boivent nos chats. Le plus jeune est tellement myope qu'il n'arrivait pas à voir la surface de l'eau dans une gamelle normale. Du coup, il donnait des coups de patte là où elle devait se trouver et éclaboussait le carrelage tout autour. Nous avons fini par en avoir assez et mon mari a commandé une fontaine sur le même site où nous achetons nos croquettes. Cela fait environ 6 mois que nous avons cette fontaine, et nous n'avons plus de problèmes d'éclaboussures. Notre vieux chat diabétique a tellement apprécié cette fontaine, qu'il s'est mis à boire comme un trou. Enfin ça, c'est ce qu'on croyait avant de découvrir que c'était le diabète qui le faisait boire autant. Cependant, il apprécie quand même la fontaine. J'ai également lancé une deuxième (et dernière pour la semaine) lessive et ramassé le linge de la lessive précédente (nous n'avons pas de fil à linge à l'extérieur, donc je mets mon linge sur des étendoirs que je peux soit sortir dehors soit laisser à la maison.

Comme la tournée de lessive est longue, je n'étend le linge que cet après-midi. Mais j'ai la flemme de mettre les étendoirs dehors. Bien m'en prend car tandis que je me suis remise à mes divers travaux de couture, je vois que le ciel s'assombrit. La pluie commence à tomber vers 16h30 et durera une bonne heure, sinon plus (je n'ai pas spécialement surveillé l'heure...) Heureusement que j'ai eu le temps de faire une petite promenade de 5 minutes environ avant qu'elle ne tombe...

Jour 36 : samedi 18 avril. Le train-train habituel continue, mais à la différence près que, ayant mis à jour jeudi mon repassage qui traînait, je termine celui de la nouvelle lessive dans la journée. Enfin débarassée du repassage pour une petite semaine ! (c'est déjà ça de pris...^^) Je vais pouvoir me consacrer à d'autres tâches que j'ai pour le moment mises de côté. Pour le reste, à part le nettoyage des littières et le vidage de la poubelle de compost, ce sont les mêmes travails de ravaudage, de fabrication de masque et de crochet en regardant les nouvelles et en priant. Rien de neuf sous le soleil, qui joue un peu à cache-cache avec les nuages, mais n'apporte pas de pluie. Pour une fois, je n'ai pas grand chose à mettre dans mon journal de bord...

Jour 37 : dimanche 19 avril. C'est le jour du Seigneur. Même si je ne peux pas aller à la messe, je la regarde sur petit écran et je prie en m'occupant les mains (toujours les mêmes travaux, sauf les masques, parce que je ne veux pas utiliser la machine à coudre aujourd'hui). Je me promène un peu le long de la route. Je préfère éviter la rando car le temps est incertain. Ce n'est pas le meoment de se prendre une saucée. Il y a assez de malades comme ça dans le pays. Le gouvernement et les médias font la pause le week-end, donc mes réflexions aussi. je n'ai pas grand chose à rajouter sinon cette réflexion entendue dans une vidéo hier et qui me reste dans la tête. C'est le témoignage d'un magasinier dont la femme, responsable de magasin, a attrapé le covid-19 en mettant en place les mesures barrières pour protéger ses employés. En remarquant que le directeur régional ne s'est même pas inquiété de la santé de sa femme, il dit : "Aujourd'hui nous ne sommes plus qu'un matricule avec une productivité". Et il constate à quel point la société s'est déshumanisée. Tandis que la base redécouvre la solidarité, le sommet d'entête et s'enferme dans ses idéologies mensongères. Ils maintiennent une illusion de maîtrise pour cacher leur impréparation et agissent en fonction de ce qu'ils croient savoir de la façon dont les gens vont réagir plutôt que d'écouter ce qu'ils disent, répètent et crient sur les réseaux sociaux : "Arrêtez de mentir, nous pouvons entendre la vérité et nous voulons l'entendre." Et aussi : "Arrêtez de nous prendre pour des idiots qui ne peuvent pas comprendre, nous nous informons et nous comprenons. C'est pour cela que nous prenons nos responsabilités. Et vous, quand les prendrez-vous ?" Et encore : "Nous ne pouvons pas vous faire confiance, parce que vous n'avez jamais eu confiance en nous." (Evidemment, je résume avec mes propres mots. Je ne pense pas que l'on trouve exactement ces phrases-là sur les réseaux sociaux, mais ce sont les idées qui se font globalement jour et s'échangent sur les réseaux sociaux). Bon, ben, il faut croire que comme l'appétit en mangeant, les idées viennent en écrivant... ^^

Sur ce, je vous dis à la prochaine,

Kitty

 

15 avril 2020

Coronavirus : incertitude et confinement - journal de bord - chapitre 9

Hello kittens,

Nous continuons nos "aventures en confinement". Drôles d'aventures qui se nichent dans un quotidien inhabituel qui dure...

Jour 31 : lundi 13 avril. On y est : cela fait un mois que nous sommes confinés ! Je devrais en être accablée, mais ce n'est pas le cas. Est-ce en raison de l'élan d'espérance suscité par la fête de Pâques ? Toujours est-il qu'après des semaines de stress et d'angoisse, je me tourne résolument vers l'avenir et la solidarité. D'abord la solidarité : je téléphone à la personne qui coordonne les couturières bénévoles pour les sur-blouses et propose mon aide. Elle me dit que près de 80 personnes se sont proposées dans tout le département et que tout est parti d'un don de tissu de la part d'une entreprise et la proposition de main d'oeuvre de la part d'ouvriers en chômage technique qui ont déjà commencé la confection, mais ils ne suffisent pas. Le plus étonnant, c'est qu'il n'y a pas d'association à l'origine de ce mouvement. La proposition a été transmise par les réseaux sociaux et suscité des volontaires. Il y a de quoi reprendre confiance dans l'être humain ! ^^ Bon, je ne sais pas encore si ma "candidature" va être retenue, mais j'ai bon espoir de pouvoir être utile à quelque chose... En attendant, je reprend la confection des masques en essayant d'optimiser ma fabrication (je ne sais pas si je réussirai à accélérer ma cadence...).

Cet après-midi, je me plonge dans une lecture si passionnante que je n'en émerge que pour faire un peu de rangement dans mon bureau et continuer la confection des masques. Au final, je termine un masque et finis de préparer les découpes pour le masque suivant. Arriverais-je donc à accélérer mon rythme ? Je n'en suis pas si sûre... Bon, si j'arrive à en faire un par jour, ce ne sera déjà pas si mal. Après tout, je ne suis pas une couturière professionnelle, mais bon, ça va me faire acquérir de l'expérience... (si seulement l'acquisition d'expérience était aussi utile que dans les jeux de rôles... ^^)

Jour 32 : mardi 14 avril. Aujourd'hui, je me partage entre la confection de masques (il semblerait bien que j'aie acquis ma vitesse de croisière : un masque par jour. Pas plus, pas moins.) le repassage et le ravaudage en regardant les nouvelles ou en priant (en alternance avec un peu de crochet : je continue mon projet long). Je m'accorde une grosse heure de jardinage (toujours ma bataille contre les ronces, et ce n'est toujours pas terminé !) après être allée jeter mes poubelles au tri sélectif (par chez nous, c'est apport volontaire, alors je dois me déplacer une fois par semaine car nous avons une capacité de stockage limitée. Heureusement qu'il y a un point d'apport dans la commune !). Et moins d'une heure après avoir terminé mon jardinage, le maire m'appelle pour me demander de passer à la mairie signer les registres des dernières délibérations. C'est pour être en règle, si on lui demande (sérieusement, il y a des gusses qui oseraient embêter le monde pour des questions de signatures en une période pareille !?). Bon, je comprends et obtempère. A la mairie, personne n'a de masque, mais la secrétaire et le maire ont des bureaux situés à bonne distance... ça doit pouvoir le faire. En même temps, je ne m'imagine pas avec un masque sur le nez des heures durant, fussent-ils confectionnés par mes mains. Au bout d'un moment, ça doit être étouffant. Je dis cela, parce que je suis bien contente de l'enlever quand je reviens des courses... Après avoir échangé quelques nouvelles (le voisin chez qui sont allés les pompiers a eu un accident domestique. Je n'ai pas voulu demander plus de détails... Déjà, c'est pas le covid...), je rentre à la maison et reprends mes activités interrompues (mon "travail jusqu'au soir", comme dit le psaume...^^).

Jour 33 : mercredi 15 avril. Comme j'attends le coup de téléphone de la "dame aux sur-blouses", je remets le moment de faire les courses à cet après-midi. En attendant, je continue mon repassage qui n'en finit pas et la confection des masques ainsi que le reste, comme hier. Pas de coup de fil. Tant pis, préfère faire les courses en début d'après-midi. Je laisse un message à la "dame" et j'y vais. Je croise beaucoup de voitures sur la route et me demande quelle va être l'affluence au magasin. En fait, ça n'a rien à voir, le magasin est peu fréquenté. Bon, ce devait être des gens qui partaient travailler... A l'intérieur, j'ai le bonheur de trouver (enfin !) de la solution antiseptique (pas d'alcool à 70° ni de gel hydroalcoolique en vue, mais c'est déjà ça). Par contre, le rayon couture a été "pillé de chez pillé", comme on dit : il n'y a plus d'élastique ni de ruban extra fort et le fil de coton est quasi-absent (ne restent que des bobines d'extra-fort extra cher) je me rabats sur une bobine de fil polyesther (encore dois-je me contenter du gris-clair car il n'y a plus de blanc...). Du côté des rayon alimentaires, les postes de pénurie sont peu nombreux, mais surprenants : le chocolat agrémenté de diverses garnitures présente des "trous énormes" tandis que les tablettes sans garnitures sont encore nombreuses, je prends la dernière boîte de saucisses-lentilles alors que les autres types de conserves ne présentent aucun signe de pénurie et pour finir, le spectacle le plus affligeant est le rayon pain de mie aussi vide qu'un désert de sel (oui, parce qu'un désert de sable, y'a de la vie dedans... ^^). A peine reste-t-il deux paquets de pain de mie différents qui se battent en duel ("c'est moi qu'elle va choisir!" - "Non, c'est moi !" ^^). Je choisis le pain de mie complet, qui a l'avantage d'avoir une indication de prix... Les courses s'achèvent sans autre incident. A la caisse, pas de bousculade, jai le temps de discuter avec la caissière, qui semble en avoir envie. Elle me montre toutes les précautions qu'elle doit prendre : laver ses gants et le tapis roulant entre chaque client... Je lui fait remarquer que la situation doit être assez stressante pour elle. Elle confirme, me dit qu'elle désinfecte tout ce qu'elle ramène chez elle. ça lui prend du temps, mais ça la rassure. Je confirme également qu'on a du mal à savoir si on prend assez de précautions pour se protéger et protéger nos proches. J'ai l'impression que ça lui fait du bien de se confier à quelqu'un qui partage ses inquiétudes. Personnellement, je me sens moins seule... En effet, arrivée à la maison et les courses à peine rentrées à la maison et mises de côté pour être rangées le lendemain (par précaution...), je dois "batailler" avec mon mari qui vient farfouiller dans les sacs sans précaution particulière... Je suis à deux doigts de lui faire une scène car la panique essaye de me submerger. J'y résiste à grand peine pour lui expliquer que mes précautions sont autant des gestes barrière contre l'épidémie que contre l'angoisse de la contamination et que j'avais besoin qu'il joue le jeu pour garder ma tranquilité d'esprit. Ouf ! J'espère qu'il jouera le jeu pour les prochaines courses...

Quand la tension s'est apaisée et que je raconte à mon mari les pénuries étranges du magasin, il me signale que nous sommes le sur-lendemain de l'allocution présidentielle (j'ai failli écrire : "allocation". De quoi ce lapsus est-il révélateur...? ^^) où celui-ci annonçait le prolongement du confinement. Mon mari suggère qu'à tous les coup, certaines personnes sont venues hier piller le magasin pour se confiner chez eux pendant un mois "genre bunker" ("le pain de mie, ça peut se congeler..." : la révélation de l'année ! ^^). Je rétorque que ce n'est pas si bête, vu que moins on sort de chez soi, moins on s'expose (mais j'aurais du mal à me passer de produits frais... C'est pour ça que je fais les courses chaque semaine... En plus, on n'a pas plus gros comme congélateur que deux pauvres étagères au-dessus du frigo : pas de quoi stocker pour un mois... quinze jours, à la rigueur...). Après avoir pris des nouvelles de mes parents (ils vont bien, tout va bien), j'en ai enfin de ma "dame aux sur-blouses". Livraison probable en début de semaine prochaine (la production a du mal à gérer l'afflux de bénévoles. C'est plutôt positif, comme nouvelle ! ^^). Et je reprends mon "travail jusqu'au soir"...

C'est tout pour le moment...

A la prochaine,

Kitty

 

12 avril 2020

Coronavirus : incertitude et confinement - journal de bord - chapitre 8

Hello kittens,

Journal de bord, le retour...

Jour 27 : Jeudi 9 avril. Jeudi saint. Ce matin, je regarde l'office de Laudes proposé par la communauté du Chemin Neuf. Quarante minute de pure méditation et de détente entre les mains du Très Haut... J'en ai besoin, parce que "voici venir les jours de la Passion". Ces paroles qui résonnent dans la liturgie du triduum pascal ("triduum" signifie "trois jours" - Théodom a fait une vidéo d'explication su le sujet : https://www.theodom.org/triduum) prennent une signification particulièrement réaliste en ces jours de confinement où ceux qui doivent travailler sont exploités et muselés (surtout les soignants), où les commerces augmentent exagérément le prix des denrées (surtout les produits frais...), où les gens se voient menacés jusque chez eux par les forces de l'ordre s'ils sortent dans leur jardin (par drone interposé) et où les personnes âgées ont le droit d'être eutanasiées sans que leur famille soit prévenue en cas de suspicion de covid parce qu'il n'y a plus de place dans les hôpitaux... (https://www.youtube.com/watch?v=CTA7kY-aWEE). Le Carême est à son point culminant : la semaine sainte. Aujourd'hui, les Chrétiens font mémoire de l'institution de l'Eucharistie (la communion) et, le soir, de l'agonie à Gethsémani, quand Jésus prépare, dans l'angoisse, à être arrêté et livré à une mort particulièrement atroce. Et demain, nous nous souviendrons de la Passion à proprement parler, c'est-à-dire des procès, de la condamnation à mort et des tortures subies par le Christ avant qu'il soit cloué sur la croix et élevé au sommet du mont Golgotha où il finira par décéder. Et enfin, samedi, la liturgie restera muette (c'est le seul jour de l'année où aucune messe n'est célébrée avant la tombée du jour) comme le tombeau où le corps de Jésus a été déposé en attendant la Résurrection (qui est célébrée le samedi soir car la liturgie compte les jours à la manière de la Bible et des Hébreux, à partir du soir considéré comme le début du jour suivant). Or les souffrances du Christ dont nous faisons mémoire sont aussi les nôtres. Le livre d'Isaïe dit : "Ce sont nos souffrances qu'il portait." Cette phrase, l'Eglise l'a appliquée à Jésus pour signifier qu'Il a porté d'avance les souffrances de toute l'Humanité pour nous sauver tous : "Pas ses blessures, nous sommes guéris." (ça, c'est saint Pierre qui le dit dans sa lettre). Alors, en ces jours où nous souffrons de la solitude, de l'angoisse de la maladie, où nous apprenons les souffrances de ceux qui sont au service des malades ou des activités essentielles pour notre survie, la compassion du Christ (sa souffrance avec nous) prend toute sa profondeur et sa réalité à la fois infiniment triste et cependant chargée d'une espérance nouvelle et plus forte parce que plus actuelle que jamais. Heureux ceux qui souffrent laors qu'ils sont innocents car Dieu les soutien dans l'épreuve et leur réserve une place en son Royaume, mais malheureux ceux qui font souffrir car ils devront répondre de la sécheresse de leur coeur devant Celui qui ne juge que par l'Amour... Puissent-ils se repentir avant qu'il ne soit trop tard...

 Cet après-midi, il fait beau, je vais batailler avec une frondaison de ronces, lierre et lianes mélangés pendant plus d'une heure. J'ai récolté une grosse brassée de ronces et pas mal de griffures et ma frondaison est à peine entamée. Je ne sais pas si je vais réussir à extirper intact le pied de chèvrefeuille que je veux dégager de tout ce bazar. Je suis vannée et en nage. Le soleil tape comme en plein été. Quelle joie de retrouver la fraîcheur de ma maison... au milieu du mois d'avril !? (Je disais quoi au sujet des normales saisonnières, déjà ?) Je me décide enfin à me remettre à la fabrication de masques et reprend celui de mon mari que j'avais laissé en plan. Après trois essayages et une bonne demi-heure de couture, le masque est enfin terminé. Ce n'est pas le cas des vêtements que je ravaude : le paréo déchiré n'en finit pas d'être recousu. Comme le fil est très fin et que je retisse la partie déchirée, la couture avance lentement. Je finis par me lasser et le mets de côté. J'ai d'autres pièces qui attendent. Les nouvelles sont toujours déprimantes : la récession menace et le gouvernement bricole, gère au jour le jour sans aucune stratégie sinon d'improviser... Or, comme le rappelle un journaliste, "gouverner, c'est prévoir" (Pour le coup, c'est raté... z'ont rien vu v'nir, les gars...). Alors, comme résultat, le confinement est prolongé sine die (sans annonce de date). Le gouvernement met son peuple en prison, prétenduement pour le protéger d'un virus, mais l'exploite sans lui apporter la protection minimale espérée... La seule chose qui nous tient dans nos maisons, cher président et chers ministres, ce ne sont ni vos recommandations contradictoires, ni vos menaces de sanctions, mais bien notre responsabilité personnelle. Et taxer d'irresponsables ceux qui font ce qu'ils peuvent avec les moyens du bord quand ceux qui ont les moyens ne font rien, ça s'appelle fuir ses responsabilités. Il serait temps de réviser les règles du jeu : ce ne sont pas ceux qui subissent les décisions qui en sont responsables, mais bel et bien ceux qui les ont prises. Et la justice sera rendue en temps voulus... même si, en l'occurrence, je serais favorable à des sanctions d'intérêt public. Que pensez-vous d'envoyer nos (futurs ex-) dirigeants nettoyer le linge des soignants ou faire la toilette de nos aînés ? Peut-être y apprendaient-ils quelques leçons d'humanité...

Pour ce début du triduum pascal, j'assiste à la messe du soir (mais il n'y a pas de lavement des pieds cette année. Difficile de le faire quand les célébrants sont confinés à trois ou quatre. C'est déjà bien qu'on ait des messes de retransmises), puis à une heure d'adoration du Saint Sacrement. Les animateurs de cette heure d'adoration ont vraiment bien préparé cette cérémonie toute en émotion et en dignité. Et la décoration est très belle : à la fois riche et dépouillée, elle est une prière de louange et de bénédiction à elle seule. Quand je me décide à aller dormir, je me sens rassérénée, comme rendue à l'Espérance...

Jour 28 : Vendredi 10 avril. Ce matin, j'ai la tête embrumée des nuits trop courtes mais une joie sereine me garde du réveil grognon. Je traîne à avaler mes galettes de riz, seule nourriture que je m'autorise en ce vendredi saint car je déguste les prières que je lis ou écoute en déjeunant ("L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu", c'est dans l'Evangile). Et ensuite, je me dépêche, parce que je dois emmener mon chat à sa visite de contrôle. Comme on vient juste de lui découvrir son diabète, le véto doit déterminer le bon traîtement, donc j'ai pris un abonnement... (je plaisante, mais il lui faut des visites de contrôle régulières pour le moment). Sur le chemin de l'aller, je me rends compte que je n'ai pas pris de médicament contre le stress. Je suis étrangement sereine (bah, c'est plutôt une bonne nouvelle... ^^). A l'arrivée, il y a du monde à attendre à la porte du cabinet (je suppose que c'est pour les ventes de croquettes, car le véto fait des réductions régulières). Comme j'ai rendez-vous dans deux minutes (oui, j'ai calculé juste), je me mets face à la porte pour que le véto m'ouvre. Personne ne proteste quant à un éventuel respect de la queue (je pense que les gens ont compris que nous ne venons pas pour les mêmes problématiques. Ouf ! Je ne voulais pas les embêter...) Je passe très rapidement, j'ai l'impression que le respect des horaires joue de façon importante sur l'évaluation de la glycémie. Bilan : mon chat va bien, même s'il faut augmenter la dose d'insuline. Je me doutais que le bon dosage ne serait pas forcément trouvé du premier coup...

 Cet après-midi, je pars me ballader dans le chemin creux près de chez moi avec la revue contenant le récit du chemin de croix que je veux méditer. Puisqu'il n'y a pas de procession de la croix cette année à la cathédrale, je me suis dit qu'une méditation marchée était le meilleur moyen de prier le chemin de croix. Contrairement aux autres offices priés, je ne me voyais pas le faire devant mon petit écran... Quel calme, et quelle beauté ! Les jacinthes sauvages embaument l'air, comme jadis l'herbe-à-robert. La méditation me plonge dans une tristesse douce et paisible. Il y a une certaine fatalité dans l'être humain, non pas celle qui le conduit à la mort (notre séjour provisoire en ce monde n'est pas une fin en soi), mais celle d'être sans cesse tenaillé entre la haine et l'amour, la destruction et la vie. Je contemple la création tout en méditant sur la haine et l'incompréhension qui ont conduit à la mort de Celui qui est la Vie-même... Comment arrivons-nous à aimer ce qui nous détruit et à haïr ce qui nous donne la vie, sinon en nous laissant mener par l'orgueil, l'avarice, l'égoïsme... (le péché, donc...) Pourtant, ce qui nous arrive aujourd'hui devrait nous ouvrir les yeux, nous faire comprendre que nous ne devons pas écouter ces forces de destruction qui sont en nous... Pour le reste, je suis, comme tous les Chrétiens, convaincue que seule la force de Dieu peut nous permettre de lutter contre ces tendances destructrices qui sont en chacun de nous. Car les forces humaines sont insuffisantes et croire le contraire est déjà de l'orgueil. Mais ce n'est pas pour autant qu'il nous faut être passif, bien au contraire. C'est à travers nos oeuvres que l'on reconnaîtra que nous sommes Chrétiens... et pour ceux qui ne le sont pas (mais qui croient en Dieu, quel que soit le nom qu'ils Lui donnent) ou qui ne croient pas en Dieu, c'est en se laissant guider par l'Amour que l'on peut agir pour un monde meilleur dans le respect de chacun.

Je passe l'après-midi en prières, naviguant d'une proposition à une autre (je suis presque noyée sous les initiatives qui sont transmises par internet ^^, ça, on ne peut pas dire que l'Eglise est inactive ! ^^) tout en cousant ou faisant du crochet. Je laisse mes activité manuelles de côté pour l'office de la Passion et les reprends ensuite pour méditer jusqu'au soir. Je suis bien. Triste, mais bien...

Jour 29 : Samedi 11 avril. Ce matin, je regarde l'office des ténèbres, puis reprends la fabrication des masques que j'avais laissée hier. Je suis presque à la fin de la confection d'un masque quand je me rends compte que je n'ai pas mis les différentes couches qui le composent dans le bon ordre ni dans le bon sens. Je vais devoir tout découdre... J'ai perdu ma matinée ! Moi qui ne suis déjà pas une rapide pour la confection, si en plus je me plante, ce n'est pas pour demain la veille que je vais pouvoir songer à en donner ! Quelle gourde ! C'est le jour où je défais tout : j'ai également découvert une erreur dans un projet long de crochet et je redéfais l'ouvrage jusqu'à l'erreur pour la corriger. Il me faut trois fois plus de temps pour découdre mon masque qu'il m'en a fallu pour le coudre et plusieurs heures pour défaire mon projet de crochet. Finalement, je termine mon masque en fin d'après-midi. C'est déjà ça de fait. Je vais m'en tenir là pour les masques et ne reprendre leur confection que lundi. Pas envie de me prendre la tête avec pour Pâques. Comme les mains sont largement occupées, la tête est libre pour suivre les prières, un peu comme j'ai fait hier. J'ai quand même fait une pause promenade dans le chemin creux où je prends l'habitude de marcher presque tous les jours.

Aujourd'hui, je prends connaissance d'une vaste consultation concernant ce que tout le monde semble appeler "le jour d'après", comme le titre d'un film sorti il y a quelques années. Le confinement semble précipiter une prise de conscience générale que le monde ne peut plus continuer au rythme effrené de l'ultralibéralisme. Pourtant, depuis l'élection de Macron à la présidence de notre pays, j'ai l'impression d'avoir été contrainte malgré moi de monter dans un train lancé à grande vitesse et privé de conducteur, comme à la fin du roman de Zola intitulé "La Bête humaine". Cette image qui illustrait alors l'inéluctabilité de la guerre de 1870 contre les Prussiens, me semblait fort bien illustrer la désagrégation du modèle social français hérité du Conseil National de la Résistance. Les manifestations des Gilets Jaunes, les grèves de travailleurs de plus en plus suivis par les membres de la fonction publique, mais aussi par des salariés du privé et des professions libérales, rien ne semblait pouvoir freiner la volonté destructrice de notre gouvernement. Celui-ci semble d'ailleurs toujours en roue libre tandis que les citoyens se saisissent de l'outil de la consultation (https://lejourdapres.parlement-ouvert.fr/) pour reconstruire ce que le présidents et ses ministres semblent vouloir continuer à détruire. C'est étrange comme alors que nous semblons plus que jamais pieds et poings liés par la gouvernance politique actuelle, nous devenons plus conscients et déterminés à être acteurs de notre avenir et de celui de la planète. En effet, cette grande consultation semble vouloir déterminer l'avenir de notre pays, mais dans une perspective plus vaste de participer à protéger et réparer ce qui peut l'être de l'environnement planétaire... C'est un défi immense, mais formidable et qui redonne du courage. Comme quoi, il faut parfois toucher le fond pour pouvoir rebondir...

Ce soir, je suis la Vigile Pascale via internet. Quelle joie de chanter l'Exultet et de pouvoir à nouveau dire : Alléluia ! Comme mon mari a décidé de se coucher tôt, je passe une partie de la Vigile le casque d'écoute sur les oreilles et je chante à tue-tête, mais en silence, mimant les cris de joie que je ne peux pousser ^^. Je m'en amuse comme une gamine (L'âge, c'est dans la tête ! ^^). Quand je vais me coucher, ma tête est pleine de chants d'action de grâce : Criez de joie, Christ est ressuscité !

Jour 30 : Dimanche 12 avril. Ce matin est consacré à la préparation de muffins salés pour ce soir. Comme c'est dimanche, je ne fais rien d'autre à part des prières une fois ma préparation terminée. Puis, mon mari et moi assistons à la bénédiction Urbi et Orbi du saint père le pape François à 12 h et déjeunons d'un repas de fêtes avec ce dont nous disposons : Thon en tranches, puis steack hachés avec du riz à la sauce curry et des profiterolles d'usine, car elles peuvent se conserver plusieurs jours au frigo, contrairement à celles du boulanger. Confinement oblige, je ne pouvais pas aller en chercher exprès pour Pâques, d'autant plus que la boulangerie artisanale la plus proche est à 6 km de chez nous. Il y a longtemps que les commerces de proximité ont déserté mon petit village d'environ 150 habitants. Il n'y a pas même un dépot de pain...

Après ma petite ballade quasi-quotidienne, je tombe sur une notification facebook : le partage d'une amie qui transmet la demande de l'hopital du chef-lieu de département : ils ont besoin de volontaires pour confectionner des sur-blouses. Je réponds à la demande et reçois un numéro de téléphone à appeler. Bon, on verra demain : je ne dérange jamais des personnes que je ne connais pas un dimanche (question de principe  : le dimanche, on laisse les gens se reposer...) En revanche, on peut appeler la famille : il y a justement quelqu'un qui a besoin de matériel. J'appelle : pas de chance, je n'ai pas ce dont il a besoin, mais notre discussion semble lui avoir donné des idées. Je n'aurais peut-être pas été totalement inutile... Je reprends mon occupation principale des dimanches : la prière, et une joie intense grandit avec le temps et le mûrissement de mes lectures. Jésus est vraiment ressuscité ! Et malgré la distance et l'absence des sacrements, la liturgie a de nouveau actualisé cette bonne nouvelle : cet événement extraordinaire a eu lieu aujourd'hui. C'est une certitude inexplicable car de l'ordre de la foi, et pourtant si réel, jaillissant en débordements de joie. Rien dans mon quotidien ne justifie ce sentiment qui est plus qu'un sentiment, plus qu'une certitude, une transcendance... (Les mots sont si faibles...) Bon ben, voilà : Christ est ressuscité, quoi... ^^ Alléluia ! ^^

Sur ce, je vous dis à la prochaine,

Kitty

 

8 avril 2020

Coronavirus : incertitude et confinement - journal de bord - chapitre 7

Hello kittens,

Sans plus attendre, voici la suite de nos épisodes "favoris" (entre guillemets, parce que... faut l'dir' vite... ^^)

Jour 24 : lundi 6 avril. Réveil tranquille. Je traîne au petit déjeuner et à me préparer. Rien ne presse, rien ne m'attend, rien de spéciale de prévu, sauf la piqûre du chat à heures fixes... Me voilà tranformée en infirmière à domicile (pour chat seulement... je n'ai pas les compétences nécessaires pour faire plus que des piqûres sous-cutanées). J'ai enfin des nouvelles d'une Youtubeuse que l'on savait malade (mon mari a consulté son compte Twitter) : https://www.youtube.com/watch?v=nfvv5dWHJ3I. Elle a été contaminée par le covid-19 presque au début de l'épidémie alors qu'elle prenait plein de précautions (What the f... ?!!!). Je ne vais pas dire que j'ai choppé une crise d'angoisse à visionner sa vidéo, mais je dois bien admettre que j'ai senti une oppression dans la poitrine pendant une bonne dizaine de minutes, ne serait-ce que par compassion avec son angoisse car elle vit en direct son pire cauchemar, et qu'il est aussi un peu le mien... Le scénario catastrophe de l'épidémie mortelle qui se transmet dans la population à vitesse grand V et contre laquelle le(s) gouvernement(s) ne peut(vent) rien, c'est pas vraiment ma tasse de thé... (Voir les jeux vidéos et les séries télévisées du genre Walking dead pour ne citer que cette horreur !). Le fait d'habiter en campagne dans un département tardivement touché me permet d'avoir un peu de recul et un sentiment de sécurité quant à mon domicile. Du coup, je ne suis pas perpétuellement sous pression à me demander ce qui pourrait bien être contaminé ou contaminant ; surtout que les conseils de mon médecin traitant m'avaient assez bien rassurés. Mais là, je suis encore sous le coup de l'émotion que m'a laissé cette vidéo en rappelant que la situation que nous vivons est juste un traumatisme à l'échelle de la population. Je me dis que je m'en tire plutôt bien avant de me souvenir que je fais effectivement tout pour. En effet, dans une vidéo-conférence de Boris Cyrulnik, j'avais appris il y a quelques mois que les personnes qui mettent des mots sur ce qu'elles vivent lors d'un événement traumatisant ne gardent généralement pas, ou très peu, de séquelles à la suite de ce traumastisme. On peut se dire que ceux qui communiquent sur les réseaux sociaux ont plus de chance de bien s'en tirer par rapport à ceux qui sont très isolés... Et là, me vient à la conscience le pire "effet kiss cool" (cf pub) qui soit pour les personnes les plus faibles de la société : les SDF : ils sont isolés, non protégés car sans domicile, et (pour ceux qui ont le plus de bol...) harcelés par certains policiers sans imagination... Alors, s'ils ont du papier et un crayon à disposition pour pouvoir exprimer la terreur qu'ils sont en train de vivre, ben ils sont très chanceux !!! Bonjour le traumatisme... C'est vrai qu'ils n'ont pas encore assez morflé dans leur chienne de vie... (pas la peine de me taxer de naïveté, je sais très bien que tous n'ont pas eu des parcours sans tache... et alors, ça justifie qu'on ne compatisse pas à leur sort ?). 

Cet après-midi, je profite d'une éclaircie (car le temps est mausade) pour faire une petite ballade le long de la route (un petit aller-retour de cinq minutes en lisant des psaumes) et je me réjouis de sentir la "bonne" odeur de bouse de vache qui me rappelle mon enfance. Et là, je m'arrête en y pensant. Non ! Ce n'est pas possible, ma madeleine de Proust ne peut quand même pas être l'odeur de bouse de vache ! Pour la littéraire que je suis (et oui, littéraire et matheuse, ça peut arriver à des gens bien, vous savez...^^), c'est une découverte assez peu glamour... Et puis je me rassure, car cette "délicieuse" odeur ne fait que me ramener dans des sensations vagues de l'enfance sans me rappeler d'événement précis, contrairement à celle de l'herbe-à-Robert, odeur poivrée et caractéristique d'un petit géranium sauvage qui me renvoie sans cesse à ce chemin creux de bord de voie ferrée où il poussait en abondance au point de remplir ce passage de son parfum habituellement à peine sensible lorsqu'on le croise dans les bois. Oui, ma madeleine de Proust s'appelle "herbe-à-Robert" et fleure bon la campagne, comme la bouse de vache, mais en plus agréable, tout de même... ^^

En ce Carême, je reçois des propositions de méditation par internet. Celle d'aujourd'hui me demande quelle figure de Jésus surgit habituellement dans ma prière. Ma réponse, après celle de l'ami à qui on peut tout confier, était celle du maître, mais du maître à l'écoute des besoins (les vrais besoins, pas ceux que l'on croit avoir...) de ses serviteurs pour mieux les servir. Si je l'écrit ici alors que je ne l'ai pas fait pour les autres propositions de méditation, c'est parce que je me suis rendue compte que cette image du Christ était aussi ma conception de ce qu'est un bon chef ou un bon gouvernant. Un bon chef est d'abord au service de son équipe pour qu'elle donne le meilleur d'elle-même dans sa mission (pour le gouvernant, c'est le service de son peuple). Ce bon chef va être à l'écoute des capacités et des propositions des uns et des autres, pour savoir dans quelle tâche ils épanouiront leur(s) qualité(s) de la meilleure façon qui soit. Il va les coordonner et prendre les décisions qui favoriseront le mieux le bien commun et la mission dans laquelle l'équipe est engagée de manière à ce que tous soient gagnants, même si, de manière individuelle, les membres de l'équipe ne sont pas forcément gagnants comme ils l'imaginaient, mais personne n'est laissé sur la touche et tous y gagnent quelque chose. Et du coup, la seule chose qui ferait que l'un des membres de l'équipe y perde, ce serait qu'il rejette le projet en bloc et n'accepte aucune négociation, s'excluant d'emblée et par lui-même du projet. Ayant été directrice de centre aéré, c'est de cette façon que j'ai géré mon équipe, n'hésitant pas à demander l'avis et les idées des membres de mon équipe et à délaisser mes propres idées en faveur de la proposition d'un(e) animateur(trice) si je la trouvais meilleure que ce que j'avais projeté. En faisant des membres de l'équipe des co-créateurs des projets d'animation plutôt qu'en leur imposant mes vues, je leur permettait de s'investir davantage dans une création qui leur appartenait et qui, du coup, avait du sens pour eux. Et dans la mesure où c'est ainsi que je conçois la gouvernance, j'ai du mal à admettre un discours du genre : "Mon idée est la meilleure, alors suivez-moi sans discuter et faites-moi confiance parce que je sais tout mieux que vous". Et malheureusement, cette dernière phrase illustre parfaitement le mode de gouvernance choisi par notre grand-gourou de président...

Ce soir, j'ai regardé une vidéo qui parle du droit du travail qui a été juste écrasé du pied par la ministre du travail et du manque de sécurité dans les entreprises (https://www.youtube.com/watch?v=yqBAiPQHPAY&t=1s). Le journaliste a pris comme exemple une ouvrière d'une usine de chocolaterie qui a réouvert après 10 jours de fermeture. C'est vrai que les 60 heures par semaine (48h maxi en moyenne sur trois semaines, je crois...) et le peu de précautions pour protéger la santé des travailleurs, c'est très inquiétant. Et le journaliste de conclure qu'on laisse travailler des postes non essentiels comme les chocolats de Pâques ou les pâtes de fruits... Bon, honnètement, les chocolats de Pâques, je m'en soucie comme de ma première couche-culotte (c'est-à-dire pas du tout), mais même si je touche assez peu au chocolat, Carême oblige, je ne peux pas m'en passer totalement en ces temps particulièrement anxiogènes. Autant, en temps normal, je pourrais dire : "me passer de chocolat, ça m'embête, mais je peux", autant en ce moment, avec les coups de blues ou les crises d'angoisses qui guettent le moindre relâchement de ma vigilence (Oui, moi aussi, je suis en guerre... contre la baisse de moral !), je suis contente de pouvoir compter sur quelques carrés de chocolat pour m'aider à tenir le coup. Cela semble idiot, vu comme ça, mais quand on regarde les 14 besoins fondamentaux de Virginia Henderson, il y a le besoin de se récréer, c'est-à-dire de se détendre, se cultiver ou s'investir dans une activité qui n'a rien à voir avec le travail ou une problématique personnelle. Or on ferme tout ce qui n'est pas alimentaire ou santé (a juste titre, certes) et on dit que acheter des fraises Tagada, c'est irresponsable... Non, je ne suis pas d'accord. Faire des courses rien que pour ça ou se faire livrer seulement ça, oui, là c'est irresponsable, mais avoir besoin ne serait-ce que d'un peu d'alimentation dite "de confort", ça peut être nécessaire pour aider à affronter cette situation angoissante, de même qu'on peut avoir besoin du rayon loisirs des grands magasins ne serait-ce que pour acheter un nouveau magazine de mots fléchés parce qu'on a terminé celui qui traînait à la maison depuis trois ans (mince alors, c'est fou tout ce qu'on peut se faire comme activités de loisirs dans une journée quand on n'a que ça à faire et qu'on ne veut surtout pas trop gamberger parce que bonjour l'angoisse... - Bon, c'est une situation imaginée, mais qui me semble assez réaliste, quand même...). Tout cela pour dire qu'il faut peut-être réfléchir avec un peu de recul et de façon équilibrée et se dire que le loisir est aussi essentiel que l'hygiène et l'alimentation et que, à propos de l'alimentation, un peu de douceur ou de diversité, ça aide à tenir le coup... (les pâtes-à-tous-les-repas, ça ne soigne certainement pas la mélancolie, si vous voulez mon avis...)

C'est l'herbe-à-Robert, mignon, non ?...^^

Jour 25 : mardi 7 avril. Ce matin, je pars en expédition : je vais faire nos courses hebdomadaires (le frais, ça ne tient pas plus d'une semaine et on n'a plus de pain non plus...) Les gens se sont-ils disciplinés eux-mêmes ou le magasin n'a-t-il plus de vigile ? Toujours est-il qu'il n'y a pas de queue et que je rentre librement dans le magasin. Tandis que je fais mes courses, je constate qu'il y a plus de gens avec des masques sur le visage que la semaine dernière (et certains sont manifestement cousus-main), mais il y a aussi des personnes sans protection particulière et qui ne font pas attention aux distances de sécurité (une petite vieille cherche ses yaourts habituels et maugrée de ne pas les trouver en passant sa tête par-dessus mon épaule. Je l'ai regardé de travers et elle s'est excusée. Chassez le naturel... et moi, je deviens parano... Je ne sais pas ce qui est le pire... Pauvres de nous ! : - /) Le gel hydroalcoolique est toujours absent des rayons et il n'y a plus la moindre solution antiseptique en vue... Heureusement que j'ai acheté de l'alcool à 70° chez le pharmacien, sinon j'aurais un vrai problème pour soigner mon chat car je dois désinfecter la zone de piqûre à chaque fois... Bref. Comme je protège mes mains avec des gants de ménage, j'ai un peu de mal à sortir mes cartes de mon portefeuil. Je grogne un peu avant de m'excuser auprès de la caissière : elle est plus exposée que moi. Elle se montre compréhensive et gentille. Nous devrions tous suivre son exemple, moi la première... En arrivant à la voiture, je me rends compte que j'ai oublié de prendre des oeufs et diverses autres denrées que je n'avais pas pensé à mettre sur la liste de courses mais qui seraient bien utiles. Après avoir rangé mes premières courses, je repars dans le magasin en me moquant de moi-même et surtout de mon impréparation. A la caisse, des clients sont étonnés de me voir les bras encombrés de denrées alimentaires. Je leur explique ma bêtise en peu de mots. Ils me disent qu'ils se trouvent parfois dans le même cas et reconnaissent que cette situation les perturbe autant que moi, "et ça vva encore durer..." conclut l'un d'eux. Après avoir soupiré de conserve, nous nous séparons car une caissière vient d'ouvrir une nouvelle caisse et m'invite à y décharger mes bras encombrés. Ouf ! ça fait du bien ! Dans le fond, je trouve que les gens font preuve de patience les uns envers les autres, c'est agréable. On dirait que cette crise nous réapprend à être humains... même si j'ai l'impression d'avoir un peu de retard dans le processus (enfin, surtout quand je fais les courses, car je suis un peu trop en mode stress. Si j'arrivais à déstresser un peu, je crois que je pourrais peut-être me montrer plus patiente envers les étourdis qui oublient de respecter les distances de sécurité, par exemple...)

Cet après midi, vers 15h, une camionnette de pompiers passe sur la route et s'arrête devant chez nous. Le pompier demande après un voisin qui habite à deux-trois champs de là (ouais, c'est com' ça qu'on compte à la campagne.... ça se voit que j'en fais trop ? ^^) Sur le coup, j'avais crains pour une voisine assez âgée, qu'elle se retrouve en détresse respiratoire à cause du virus. Il n'en est rien. C'est un voisin d'une trentaine d'années, mais pour savoir ce qu'il lui arrive... ben, faudrait briser le confinement... Alors, je me résous à attendre des nouvelles et à espérer que ce ne soit pas le virus et que ce ne soit pas un accident grave... Il ne reste plus qu'à prier pour lui... Ce mini-événement a légèrement secoué ce petit coin de campagne tranquille (et même ultra-tranquille depuis le confinement : il n'y a presque plus de voiture qui passent...), j'ai aperçu les voisins à leurs fenêtres, et le calme revient presque aussi brusquement qu'il a été rompu... La vie reprend son cours comme si de rien n'était... Bon, j'en étais où, avant cette interruption ?...

Les réparations de vêtements avancent quoique lentement (du coup, je ne fais presque plus de crochet...) Au magasin, j'ai trouvé des élastiques à coudre, mais pas de la taille idéale pour faire des masques (et en plus elles coûtent cher !), mais j'ai trouvé du ruban extra-fort. Ainsi, je vais pouvoir faire des lanières. Ce n'est pas l'idéal, mais ça peut quand même remplacer les élastiques (après tout, les masques chirurgicaux classiques sont à lanières...) Il faut juste que je me décide à me remettre à faire des masques. Depuis mon coup de blues, j'ai momentanément abandonné ma machine à coudre...

Ce soir, je regarde la messe chrismale de mon diocèse, en différé car le direct a planté et mon mari n'a pas eu la patience d'attendre qu'il se remette en route. C'est la seule messe que le diocèse a retransmis car, comme l'a dit l'un des vicaires généraux, la messe chrismale est particulièrement propre à un diocèse donné, et ils tenaient (l'évêque et les vicaires généraux) à la faire partager au plus grand nombre de paroissiens du diocèse. Ils ont même bravé le confinement pour célébrer cette messe à la cathédrale même. A part les prêtres, l'organiste et quelques chanteurs de la maîtrise, la cathédrale était vide. ça a du leur faire tout drôle de célébrer une messe aussi importante devant des chaises vides... En tout cas, j'ai été heureuse et émue de pouvoir assister de chez moi à cette messe, d'autant plus qu'habituellement, c'est la seule messe de la semaine sainte à laquelle je n'assiste pas car elle se déroule toujours dans la ville de l'évêque et c'est vraiment trop galère pour se garer (sans compter que la cathédrale est bondée et que moi, la foule, j'en suis plutôt phobique...)

Jour 26 : mercredi 8 avril. Aujourd'hui, c'est lessive... et je continue ma couture en regardant les nouvelles. C'est fou ce que ça peut être long de recoudre du linge à la main. J'y passe presque toute la journée. Le reste du temps, je médite beaucoup. Et pas seulement sur les Evangiles... les messages postés sur facebook me donnent du grain à moudre... Comme celui d'un artisan boulanger outré de voir une de ses clientes se faire verbaliser pour être allé chercher du pain (un déplacement pour une baguette, c'est pas permis... et encore moins à vélo... ). D'accord, c'est pas fameux de ne pas optimiser ses déplacements dans le contexte actuel, mais ils vivent comment, les petits commerces si la seule optimisation possible, c'est les grandes surfaces... Alors le pauvre boulanger conclut qu'on veut détruire l'artisanat et les commerces de proximité (ouais, on n'a pas attendu le covid pour ça...). Et j'ai vu des extraits d'une autre vidéo qui dit que le capitalisme est mort et qu'il faut repenser l'économie... Alors je me demande si ce n'est pas parce que le capitalisme sent arriver sa fin prochaine qu'il est aussi agressif avec les travailleurs... Comment se fait-il que nos politiques continuent de raisonner en mode ultralibéraliste même au coeur de cette crise sanitaire quand leur priorité supérieure devrait être la sauvegarde de la population ? Même Pétain n'aurait pas fait une erreur pareille ! En fin de compte, la dictature prend des visages divers et variés, mais c'est toujours de la dictature. Seulement, là, c'est difficile de croire que c'est pour notre bien...

Ce soir, je regarde le début d'une vidéo qui explique que certains directeurs d'hopitaux reprochent aux soignants de se plaindre du manque de protection ou de leur mauvaise qualité (une infirmière a été priée de retirer une vidéo où on la voit essayer une sur-blouse qui se déchire au moindre mouvement - super, la protection !), l'un d'eux a même mis a pied une déléguée syndicale qui a seulement remonté les craintes et les demandes pressantes de ses collègues. Et voilà, maintenant, ce sont les patrons qui s'essayent à la dictature locale. Oui, c'est la dictature du "tout va bien même si ça va mal". C'est bizarre, ça me rappelle une chanson dont le titre s'appelle "tout va très bien madame la marquise". C'est une chanson qui date de la fin du dix-huitième siècle, celui de la Révolution Française. Si je me souviens bien, à l'époque, le peuple s'était révolté pour des raisons assez similaires à celles-ci. On dit que l'histoire se répète...

J'ai l'impression qu'il n'est pas nécessaire d'être prophète pour annoncer la fin d'un monde. Elle était annoncée déjà depuis longtemps, mais il semblerait que le covid-19 a précipité le mouvement. Est-ce pour nous envoyer plus rapidement dans le mur, ou nous permettre de bifurquer avant qu'il ne soit trop tard ? Nous ne le saurons, malheureusement qu'après le confinement...

Sur cette conclusion, je vous donne rendez-vous au prochain chapitre. Je viens d'apprendre que le confinement est prolongé... Quelle surprise...

A la prochaine,

Kitty

 

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