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Le blog de Kitty
29 mars 2020

Coronavirus : incertitude et confinement - journal de bord - chapitre 4

Hello kittens,

Et tout de suite, la suite... (comme dans les feuilletons-télé ^^)

Jour 13 : jeudi 26 mars. C'est la fin, les rats quittent le navire. C'est l'image que m'inspire cette nouvelle que m'annonce mon mari dès ce matin : épuisée, l'Italie a fait appel à la Russie, à la Chine et à d'autres pays pour des aides matérielles afin d'affronter l'épidémie de covid-19 (si nous n'en sommes pas encore là, ça risque de venir assez vite, je pense), or la Pologne a interdit aux avions russes acheminant ces aides de survoler son espace aérien et la république Tchèque a détourné et conservé des aides destinées à l'Italie. La solidarité européenne a vécu... En 1990, alors que j'étais encore enfant, j'ai eu la chance de voyager dans les pays de l'Est, qui venaient tout juste de sortir de la dictature communiste dite "du rideau de fer" et j'ai pu retourner en république Tchèque dix ans plus tard. J'ai pu voir à quel point le pays avait pu se relever grâce à l'Europe. Mais ça veut dire quoi, grâce à l'Europe ? ça veut dire que, grâce aux efforts consentis de la France, mais aussi de l'Italie et des autres pays dits de l'Ouest (dont des efforts financiers qui nous ont conduits à des mesures d'austérité !), ces pays qui étaient au bord de la misère ont rattrapé en dix années un retard de près de 50 ans. Or, lorsqu'il s'agit de prêter main forte pour quelques semaines (peut-être quelques mois) aux pays qui les ont soutenus pendant toutes ces années de relèvement, ils ne sont plus là. (Ce n'est pas moi qui le dit, c'est François Asselineau sur RT France : https://www.youtube.com/watch?v=ggxQnnga0Y0&feature=share&fbclid=IwAR3RM-uLm_q7gSoKiEVccwq1RkJb3GPvxq4WVj1RMgw0cUZpVRYsvwJ0UBQ). Quelle déception ! Cependant, le délitement accéléré des instances européennes ne me surprend pas. La crise du coronavirus n'a fait  qu'accentuer un phénomène qui avait déjà commencé (Préférence de la Pologne pour les avions américains par rapport aux avions européens, fermeture des frontières de la Hongrie et de la république Tchèque aux migrants malgré l'appel à la solidarité des instance européennes, effondrement des banques européennes et de l'Euro par la même occasion, et j'en passe...) Nous sortirons de cette crise pour ramasser les miettes de l'Union Européenne. J'espère juste que les pays anciennement de l'Est ne seront pas déjà partis avec la caisse...

Aujourd'hui, je laisse mon crochet de côté pour m'organiser entre lessive, ramassage de petit bois et confection de mon premier masque (le premier est toujours le plus long à réaliser. Après, c'est plus rapide. Et puis, je me suis rendue compte que je devais découdre l'intégralité des ourlets de mes vieux draps pour éviter de gaspiller du tissu, ce qui me fait plusieurs mètres linéaires à travailler...). Heureusement que je peux faire le plus long (la "découture" ^^) en visionnant les nouvelles. Quoique... Je m'avance peut-être un peu en disant "heureusement" tant les nouvelles font de plus en plus état de l'incurie de notre gouvernement. Mis à part le fait qu'il a enfin décidé de lâcher les cordons de la bourse pour les soignants (pour le moment, c'est juste une promesse du président... paroles en l'air ou vérité ?), les seules autres mesures sont prises au détriment de la population (Vous ne pouvez pas bosser à cause du confinement, rassurez-vous, vous aurez tout l'été pour rattraper : on vous colle vos RTT et congés payés sur ces jours de chômage forcé pour ne pas gaspiller votre force de travail. Faut faire tourner l'économie. Et vos familles ? Vous pourrez toujours les voir quand vous serez morts d'épuisement... ou du covid-19. Hé, hé, hé ! - Là encore, je n'ai rien inventé : https://www.youtube.com/watch?v=JFDGEK6ENuM&feature=share&fbclid=IwAR0osD-jDaZo7h7HfDAkXsitscfEqu26w8yotfc1Q78A0t1ZleoqK8701Rw - Et attention, on va vous surveiller avec des drones !). Joyeux confinement à tous !

Jour 14 : vendredi 27 mars. Ce matin, j'ai rendez-vous chez mon médecin pour un rendez-vous de contrôle (ce blog n'étant pas fait pour que je vous expose mes problèmes de santé, je n'en dirai pas plus à ce sujet). Je suis assez stressée, mais je me prépare vaille que vaille. La nouvelle autorisation me casse les pieds : il faut mettre l'heure de départ de chez soi. Je la préremplis en espérant partir à peu près à l'heure indiquée. Cette fois, je ne croise aucun gendarme et arrive à la maison médicale avec 5 minutes d'avance, comme demandé par la secrétaire. Quand j'arrive, une personne est en train de sonner à l'interphone. Je profite du fait que la porte automatique mette du temps à se refermer pour me glisser derrière elle tout en respectant la distance de sécurité sanitaire. L'intérieur ressemble au service chirurgie d'un hôpital de série télé mal bricolé : les patients sont tenus à distance par un barrage de chaises en plastique retirées de la salle d'attente pour que ceux-ci ne soient pas les uns sur les autres. Contrairement à ce qui avait été annoncé, il y a un peu d'attente, mais pas suffisamment pour que la salle soit bondée et que nous en soyons réduits à nous tousser dessus. Je rencontre une amie et comble le premier quart d'heure d'attente en discutant avec elle, mon masque (enfin terminé !) sur le museau. Nous sommes bien les seules à discuter et quand elle s'en va, appelée par son médecin, je me retrouve en tête-à-tête avec une vieille dame qui semble préférer ignorer ma présence que risquer la contamination (ce n'est qu'une hypothèse, mais elle donne l'impression d'être ramassée sur elle-même et peu rassurée). Mon médecin vient enfin me chercher et mon impression première sur le service chirurgical se confirme. Il porte une tenue médicale intégrale du pantalon jusqu'à la charlotte, en passant par le masque, évidemment. Je crois que seules ses chaussures ne sont pas protégées ! ^^ Il me félicite pour mon masque et m'encourage à en faire d'autres, me montrant ce qu'il a bricolé lui-même et m'en expliquant l'utilité. Il m'explique également quelques protocoles utiles, notamment pour faire les courses et me conseille de me procurer des gants de vaisselle qui sont faciles à nettoyer et donc réutilisables (il n'est pas interdit d'être écolo pendant le confinement ! - dans la mesure du possible, évidemment...). Autre information utile : le virus reste vivant pendant 3 jours sur du métal (sauf s'il reste en plein soleil, je pense...), environ 12h sur du plastique et 3 ou 4h sur le reste de la matière inerte, ce qui permet de gérer ses courses. Par exemple, si on achète un pack de lait, une fois rangé dans un coin, on le laisse tranquille une journée entière et le lendemain, on peut le toucher sans précaution particulière. C'est plutôt bon à savoir. Et il me recommande de me laver les mains très régulièrement le jour-même où j'ai fait les courses afin d'éviter de me contaminer au cas où je serais contrainte de toucher de la matière plastique ramenée du magasin (le problème, c'est qu'une fois rentrée à la maison et après un certain nombre de lavages de mains, je me rends compte que je commence à avoir la peau aussi sèche qu'au plus fort de l'hiver... Il faut ressortir la crème pour les mains abîmées... mais j'anticipe...)

Après mon rendez-vous chez le médecin, j'en profite pour faire quelques courses d'appoint (pour des produits alimentaires que je ne trouve pas dans mon magasin habituel - tous les produits que nous apprécions ne sont malheureusement pas réunis dans le même magasin...) Ce magasin-ci s'est contenté d'un affichage indiquant qu'il fait tout son possible pour lutter contre la propagation du virus. En effet, je ne vois strictement rien de changé par rapport à d'habitude, à part quelques postes d'approvisionnement vides (j'en ai compté 3 ou 4 en tout et pour tout dans le magasin... ça va) et une vitre en plexiglas qui protège la caissière (et moi, par la même occasion, d'une c... qui pour discuter avec la caissière s'approche de moi à moins d'un mètre et va postillonner allègrement sur la vitre pendant que je range mes courses. Elle n'a pas la moindre protection : pas de masque, pas d'écharpe et est totalement inconsciente qu'elle envoie ses microbes partout ! Et j'en ai rien à secouer qu'elle n'est pas malade, d'abord elle n'en sait rien et ensuite la moindre des choses c'est de respecter les consignes, bazar ! Si la configuration de la caisse ne m'avait pas permis de me mettre derrière le plexiglas, je crois que j'aurais pété un câble. J'avoue que, dans la mesure où elle manifestait dans ses paroles sa totale inconscience du danger, j'ai préféré ne rien dire et éviter une dispute qui m'aurait mise immanquablement sous le feu de ses postillons. Parfois, la survie nécessite de ne pas affronter le danger... Courage, fuyons !)

Pas fâchée d'être rentrée chez moi ! A la maison, j'essaye de respecter au mieux le protocole de sécurité sanitaire conseillé par le médecin. Je range mes courses en essayant de ne pas trop toucher les affaires non contaminées et de ranger celle qui potentiellement le seraient de façon à ne pas y retoucher tout de suite. Et je me lave bien les mains. L'après-midi est consacré au repassage (il était temps que je m'y mette !) et au rangement du linge, puis à la confection d'un autre masque tout en regardant les nouvelles.

A 18 h, mon mari et moi nous installons dans son bureau pour assister ensemble à la bénédiction Urbi et Orbi (sur la ville et sur le monde) du pape François. La célébration consiste d'abord en la lecture, commentée ensuite par le pape, de l'épisode de la tempête apaisée dans l'Evangile selon saint Marc puis de prières à la Vierge Marie et au Christ en croix suivies d'un temps d'adoration du Saint Sacrement. La bénédiction est donnée à la toute fin de la célébration, au bout d'une heure de prières. C'est la première fois que je vis un temps de prières aussi intense chez moi. J'ai l'impression d'avoir vécu quelque chose de presque aussi fort que le jour où j'ai fait ma confirmation ou bien celui où j'ai prononcé ma promesse scoute. Même la prière à la grotte de Lourdes me semble peu de choses aujourd'hui en regard de ce moment de prières partagé avec le monde entier alors que, pourtant, la place saint Pierre était pratiquement vide et arrosée par une pluie battante. Le ciel semblait à l'unisson du peuple de Dieu qui, par la voix de son pasteur et des chantres de Saint-Pierre de Rome, criait vers Lui son désarroi et ses supplications. Dans la liturgie, nous prononçons ces paroles : "Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père". Ce soir , j'aurais pu, je pense, rajouter : un seul peuple. C'est inexplicable car j'ignore totalement combien de personnes regardaient, en même temps que nous, cette retransmission en direct. Pourtant, j'avais l'impression de prier au milieu d'une foule immense tant ma prière semblait être portée par des milliers de voix avec moi, comme j'avais pu le ressentir à Lourdes ou à Taizé. Nous n'étions pas seuls...

Jour 15 : samedi 28 mars. Aujourd'hui, c'est encore jour de lessive et de repassage et je continue la confection du masque que j'ai oublié de reprendre après la bénédiction du pape. Depuis hier, j'ai provisoirement abandonné mon crochet pour me mettre exclusivement à la couture. Mes projets courts de crochet ont besoin que je leur couse des attaches et j'ai trouvé des chouchous en tissus dont j'avais interrompu la confection. J'ai donc décidé de les terminer avant de commencer autre chose au crochet. Je peux donc m'y adonner tout en regardant les nouvelles. Madame Ndiaye, porte parole du gouvernement a encore fait des siennes hier en affirmant que les professeurs, qui ne font rien pendant le confinement, devraient aller aider les agriculteurs à ramasser les fraises (parce que se prendre la tête à essayer de faire bosser ses élèves à distance quand les outils de l'éducation nationale buguent sans arrêt, c'est tellement peu productif qu'on eut dire qu'ils ne font rien ! Ils sont à bout de nerfs et de patience pour avoir perdu un temps considérable à faire bosser, au final, 2 élèves sur 3 exercices en l'espace de 5 jours, mais ils n'ont absolument rien fait ! - Sibeth... je t'aime !... Si, si, je t'assure...) Il lui a fallu quelques heures pour admettre qu'elle n'avait pas choisi le bon exemple. Sans blague ?! Et pour la technicité du port du masque, c'était également involontaire ? Non, parce que réussir à faire autant de gaffes en si peu de temps... il y a de quoi donner de l'inspiration à Franquin lui-même (le dessinateur de Gaston Lagaffe).

Je passe une bonne partie de la soirée à prier. Je n'ai jamais prétendu être une Chrétienne parfaite. Il y a même des moments où je me sens bien peu représentative de l'espérance chrétienne. Quand nos prêtres disent que les Chrétiens témoignent du message du Christ par leur exemple, j'ai envie de me cacher dans un trou de souris tant je me sens loin d'être exemplaire. Pourtant, ce sont peut être mes failles qui témoignent le plus de cette espérance, justement. Parce que malgré tous mes défauts, Dieu m'aime telle que je suis et me relève, me guérit. "Je ne suis pas venu chercher des Justes, mais des Pécheurs" a dit Jésus. Et ce temps de Carême et de confinement est décidément propice à prendre du temps pour rentrer en nous-mêmes, pour méditer et aller à la rencontre de Celui qui est "plus intérieur à nous que nous-mêmes", comme disait un père de l'église dont j'ai oublié le nom. Etrangement, depuis la bénédiction du pape François, je ne me sens plus solitaire dans ma prière et je n'ai plus non plus ce sentiment d'inutilité du genre "Je-ne-sais-pas-si-ça-sert-à-quelque-chose-mais-je-prie-quand-même". Je me sens reliée à tous ceux qui prient pour les malades et les soignants, mais aussi pour tous ceux qui sont seuls ou en difficulté à cause du confinement et du virus. Je me sens, bien sûr, plus proche des autres Chrétiens (parce qu'on n'est pas Chrétien tout seul), mais aussi de tous mes frères humains (croyants ou non) parce que l'être humain est profondément social et soucieux de son semblable. Et même s'il y a des contre-exemples, les messages sur les réseaux sociaux montrent quand même en majorité une préoccupation de chacun pour les autres (ses proches d'abord, ensuite les malades et les soignants, et ensuite les SDF, et ainsi de suite jusqu'aux inconnus à l'autre bout du monde où l'on apprend que le virus est arrivé aussi. etc...) Comme l'a dit monseigneur Bozo, cette épidémie révèle bien des choses... Le pire, mais aussi le meilleur de l'Homme...

Jour 16 : dimanche 29 mars. Aujourd'hui, j'ai décidé de passer la matinée à méditer le chemin de croix proposé par monseigneur Rey (je n'ai pas trouvé le temps de le faire vendredi) avant de regarder la messe qu'il propose à midi. Je la regarde en différé car mon mari a décroché. Pour lui, à midi, c'est l'heure du repas. Ce n'est pas grave, j'ai pris l'habitude de "me retirer pour prier", alors ça ne me dérange pas. Ensuite, je regarde les nouvelles et j'essaye de prendre du recul par rapport à la bataille d'opinion qui se joue au sujet du médicament chloroquine et de la réputation du professeur Raoult tout en continuant de faire ma couture. Passer du temps sur internet pourrait empêcher de se détacher des sujets brûlants, mais le fait d'avoir du temps pour consulter des vidéos et de les comparer permet de contrebalancer l'effet accaparant des réseaux sociaux. Cependant, il faut effectivement faire l'effort de s'extraire de facebook pour prendre ce temps de comparaison et éviter de trop réagir "à chaud", ce qui n'est pas toujours évident. On est quand même plongé dans cette crise sanitaire jusqu'au cou et personnellement impliqués, ce qui n'aide pas forcément à garder la tête froide et une réflexion aussi objective que possible (nos émotions sont plus rapides que notre réflexion, ce qui fait qu'elle peut facilement se laisser emporter par des sentiments trop forts).

Je vais m'arrêter là pour aujourd'hui.

A la prochaine,

Kitty

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