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Le blog de Kitty
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4 mars 2020

Le Carême, c'est pas du gâteau, mais c'est très Catho ^^

 Hello kittens,

   Temps de pénitence par excellence, le Carême est souvent vu de l'extérieur comme un temps morose et triste, comme cette fin d'hiver qui précède le printemps en voyant la neige se transformer en une boue grisâtre et les arbres, sans feuilles encore, dégouliner d'une eau sale et froide. On a envie de se calfeutrer chez soi et de se caler au coin du feu devant un bon goûter, histoire de se remonter le moral et... il faudrait se mettre au pain sec et à l'eau ! Ah non, alors !

Pourtant il y a loin de la représentation à la réalité. Laissez-moi vous en parler...

 

Alors, le Carême, qu'est-ce que c'est ?

   Le mot Carême vient de la contraction du mot latin "quadragesima" qui signifie "quarantième". On dit aussi du Carême que c'est la sainte Quanrantaine. Là, vous commencez à comprendre que le Carême est une période temporelle. En effet, le Carême est un temps de pénitence, de quarante jours, qui commence au mercredi des cendres, cette année le 26 février, et s'achève au samedi saint, cette année le 11 avril. Si vous comptez bien tous les jours, vous allez me dire : "Mais Kitty, ça ne va pas : il y a 46 jours exactement entre le 26 février et le 11 avril, eux compris. Alors pourquoi tu nous dis que le Carême compte 40 jours ?" C'est exact. Vous avez raison et... moi aussi ! ^^ Le mystère se résout simplement par cette affirmation : le dimanche, ce n'est pas Carême. Pour les Chrétiens, le dimanche, c'est le jour du Seigneur (j'y reviendrai dans un autre message). Il n'est donc pas question de faire pénitence ce jour-là. Par conséquent, si on enlève les dimanches de notre compte, on obtient bien quarante jours exactement.

https://eglise.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/2/2014/05/Careme.jpg

A quoi correspond cette période ? Et pourquoi faire pénitence ?

   Comme je l'ai expliqué dans un précédent message, le cycle liturgique déroule toute l'histoire du Salut, à travers l'histoire des Hébreux, mais aussi la vie de Jésus et les premiers temps de l'Eglise. Commençons par la référence la plus ancienne, celle de l'Ancien Testament. Le Carême rappelle les quarante années passées par les Hébreux dans le désert, voir au livre de l'Exode. (C'est pour cela que j'ai choisi cette image de désert pour illustrer ce paragraphe ^^). Dans le Nouveau Testament, la référence est celle des quarante jours de jeûne que Jésus entreprend aussitôt après son baptême et avant d'entrer pleinement dans sa vie de prédication (Mt 4, 1-11 ; Mc 1, 12-13 ; Lc 4, 1-13). Pour rester un peu sur cette référence : on voit que cette période marque la charnière entre sa vie cachée à Nazareth, où il a été élevé puis a pratiqué le métier de charpentier avec Joseph puis à sa suite (rien n'est dit dans les Evangiles de la mort de Joseph, mais on peut supposer qu'il était déjà décédé depuis plusieurs années quand Jésus décide de quitter le métier) et sa vie de prédication itinérante dans laquelle il va venir enseigner les foules et progressivement se révéler comme étant le Messie tant attendu. Tout cela pour dire que, tout comme pour le peuple Hébreux avant d'entrer dans la terre promise ou Jésus avant sa vie publique, les quarante jours du Carême sont un temps qui marque un changement d'état. Or un changement d'état, ça se prépare ! Et oui, vous en avez tous fait l'expérience, ne serait-ce que... pour la rentrée des classes, par exemple... ou un nouveau métier. Alors, évidemment, ça ne va sans doute pas vous prendre quarante jours, mais... c'est quand même pas conseillé de s'y prendre au dernier moment non plus...^^

La manne ? Qu'est-ce que c'est ? - Des Trésors cachés dans le sable

   Mais, la pénitence, me direz-vous, cékoua le rapport ? Comme nous le rapporte le livre de l'Exode, notamment à partir de 15,22 ; aux chapitres 16 et 17 ainsi qu'au paragraphe 33, 1-6 ; pendant la période que les Hébreux ont passé au désert, la vie n'a pas été facile et les relations entre Dieu et son peuple non plus. A plusieurs reprises, le peuple n'a pas eu confiance en Dieu : "Est-ce qu'on va mourir de soif, de faim ? Moïse ne revient pas, faisons-nous un dieu à nous, comme ça ce sera plus sûr, plus facile..." Etc. Evidemment, ce n'est pas ce qui est écrit dans la Bible, je résume et j'interprète un peu pour que ce soit plus facile à comprendre, mais c'est l'idée. Du coup, par l'intermédiaire de Moïse, Dieu va leur donner des leçons et des règles de vie. Et, comme le peuple Hébreux est "un peuple à la nuque raide" (là, je reprends les mots exacts de 34,9 - même si ce n'est pas la première occurrence de cette expression), ça va lui prendre quarante ans pour apprendre la leçon et intégrer les règles de vie. Evidemment, il y a une part de symbolique dans ce nombre qui désigne une longue période et, dans la réalité, il est extrêmement difficile de savoir quelle a été la durée exacte de l'exode des Hébreux. Cependant je ne me permettrais pas non plus de dire que ce n'est absolument pas possible que ça ait duré aussi longtemps parce que, scientifiquement, le voyage à pieds d'Egypte jusqu'à Israël prend, disons (je n'ai pas cherché) quelques mois tout au plus. En effet, la nécessité de la préparation des Hébreux à l'entrée dans la terre promise a pu amener Moïse, guidé par Dieu, à faire errer son peuple dans le désert en prenant tout son temps. Et du coup, les données scientifiques n'ont plus du tout d'intérêt parce qu'on se situe au niveau d'une nécessité spirituelle.

https://www.breizh-info.com/wp-content/uploads/2018/02/careme.jpg

   De la même façon, dans les Evangiles, il est question de quarante jours de jeûne pour Jésus et les deux évangélistes les plus précis, Matthieu et Luc, précisent que Jésus n'a pas mangé pendant cette période et qu'il a eu faim au bout des quarante jours. Je ne sais pas vous, mais moi, si je me mettais à jeûner de cette façon : juste de l'eau et rien à manger, je vous garantis qu'il ne me faudrait pas quarante heures pour avoir faim. Je peux, à la rigueur, sauter un repas... en tirant un peu, peut-être deux... mais il est certain que j'aurais faim avant la tombée de la nuit, très largement même. Bon. On peut supposer que Jésus était un ascète (en gros : une personne qui fait des efforts, notamment en mangeant peu, en vue de la perfection spirituelle), mais scientifiquement, peut-on survivre en ne mangeant rien pendant quarante jours ? La réponse est oui. En faisant une petite recherche rapide sur un moteur de recherche, j'ai obtenu du premier résumé venu cette réponse : un adulte moyen peut tenir 80 jours sans manger, à condition toutefois de continuer à boire. Cependant, il faut bien comprendre que la personne est nettement diminuée physiquement après un tel effort et que la faim vient quand même assez rapidement puisqu'il s'agit d'un mécanisme naturel qui prévient le corps d'un manque de source d'énergie extérieure (et donc qu'il va falloir piocher dans les réserves internes, c'est-à-dire la graisse corporelle) et d'un risque de carence qui va aller en s'accroissant. Seulement, là aussi, on fait un présupposé humain moyen. Or s'il est certain que Jésus, Dieu fait chair, a été "reconnu homme à son aspect" (Ph 2,7 - extrait du Cantique aux Philippiens), il n'en reste pas moins plus qu'un homme et probablement davantage capable de maîtriser ses sensations corporelles. Par conséquent, là aussi, comme on a affaire à l'intervention du spirituel dans un récit qui, à première vue, concerne une personne humaine, l'analyse scientifique et notre propre perception de ce dont un homme est capable ont peu de poids pour discuter la validité du témoignage des évangélistes.

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   "Et la pénitence, alors ? ça vient, oui ?" Rhoo ! Vous êtes bien impatients ... ^^ Mine de rien, j'ai déjà commencé à répondre à la question. Et oui, dans la première référence, j'ai parlé de leçons et de règles de vie ; dans la deuxième, j'ai évoqué l'ascèse (les efforts en vue de la perfection spirituelle). Et bien, la pénitence, c'est cela. L'Eglise catholique dit ceci à propos du Carême : "Durant le temps du Carême, nous sommes invités à nous donner des moyens concrets, dans la prière, la pénitence et l’aumône pour nous aider à discerner les priorités de notre vie. Le temps du Carême est un temps autre qui incite à une mise à l’écart pour faire silence et être ainsi réceptif à la Parole de Dieu." (extrait de : https://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/les-grandes-fetes-chretiennes/careme-et-paques/careme/369562-quest-ce-que-le-careme/). Donc le temps du Carême est un temps de préparation pendant lequel on va faire des efforts sur nous-mêmes pour approfondir les leçons spirituelles que Dieu nous donne en vue de notre Salut (Et là, je me rends compte qu'il va falloir que je fasse aussi un message spécial sur ce qu'est le Salut... Nous y reviendrons). L'idée est que ces efforts aient une portée signifiante. En effet, pendant assez longtemps, l'Eglise catholique imposait des contraintes du style "ne pas manger de viande grasse", "jeûner le vendredi, et surtout le mercredi des cendres et le vendredi saint", mais du coup ces contraintes sont parfois devenues des traditions obligatoires qui se sont séparées de leur but premier : on jeûne pour jeûner parce que l'Eglise dit qu'il faut le faire. Seulement séparer la forme du fond vide la forme de son sens et la rend inopérante. En effet, si l'on jeûne pour jeûner sans avoir dans l'idée de s'appliquer à progresser spirituellement, autant manger, ça aura le même effet (sauf qu'on n'aura pas le ventre vide...). La pénitence consiste à faire un effort sur soi au niveau de la nourriture (et ça peut aller de la renonciation à prendre un dessert à un moment ponctuel à un jour entier de jeûne en passant par toute autre sorte de contrainte sur la nourriture suivant, non pas la fantaisie, mais le sens que l'on veut y donner), ou bien dans la maîtrise du corps (se réveiller plus tôt ou dans la nuit pour prier ou porter un vêtement inconfortable, comme le cilice, par exemple - là encore le choix de l'inconfort doit être motivé par une volonté de progression spirituelle, sinon il est inopérant et donc inutile), ou bien dans le domaine de la possession matérielle (donner son surplus plutôt que de le jeter jusqu'à se séparer de quelque chose que l'on apprécie beaucoup en passant par la confection personnelle - un dessin, un tricot, quelque chose dont on pense que cela fera plaisir), ou bien dans l'attention à l'autre (visiter un proche isolé ou que l'on apprécie peu, un malade ou un prisonnier, prendre le temps de discuter avec un inconnu de passage, rendre service à quelqu'un...). Elle peut également consister en l'association ou l'alternance de plusieurs de ces aspects, puisque les deux derniers efforts évoqués ont de fortes relations de similitude avec l'aumône (qui, elle, peut prendre encore d'autres formes...).

"Il en est qui donnent avec joie et cette joie est leur récompense." Khalil Gibran (Il n'est pas obligé de citer toujours des Chrétiens pour montrer l'inspiration de Dieu).

La pénitence est aussi le fait de se reconnaître pécheur, comme je l'ai développé dans mon message sur le mercredi des cendres.

   Pour conclure, je dirais que la pénitence est un don de soi à Dieu dont le chemin est la progression spirituelle et l'objectif le Salut donné par Dieu, c'est-à-dire la vie éternelle en Sa présence (Je développerai dans un autre message), et ça, c'est naturellement joyeux. Alors le Carême, ce n'est pas forcément facile, mais ce n'est pas obligatoirement austère ! ^^

A la prochaine,

Kitty

 

P.S. : Vous aurez noté que j'ai un peu tordu le cou aux potentielles analyses scientifiques des récits bibliques. Ce n'est en rien une démarche de rejet de la science de ma part. Les analyses scientifiques et anthropologiques ont beaucoup aidé l'Eglise à faire la part des choses dans les récits bibliques, notamment concernant le livre de la Genèse, dont le début (sur Adam et Eve) est reconnu aujourd'hui comme étant un poème et donc comme ne décrivant pas la réalité. Cependant, certaines analyses des écrits bibliques sont allés dans l'excès inverse des erreurs de l'Eglise, en rejetant tout réalisme potentiel aux écrits bibliques pour les classer dans la littérature. Or, même si la réalité est définitivement hors de notre portée (du moins dans cette vie ^^), je pense qu'elle se situe quelque part entre les deux. Les récits bibliques ne sont ni tout à fait exacts (car ils n'ont de toute façon jamais eu cet objectif), ni totalement inventés. ["La vérité est ailleurs." X-Files - C'est bon, je blague...] Cependant, des années de témoignages à travers des récits de vies de saints de plus en plus réalistes car de plus en plus proches de nous dans le temps nous montrent que la réalité n'est pas uniquement contingente à un ensemble de faits scientifiquement explicables, mais que l'intervention du spirituel (quelque forme ou nom que l'on lui donne) y apporte son lot de mystères. Gardon l'esprit ouvert... ^^

 

Les références de mes recherches :

La Bible de Jérusalem (surtout le livre de l'Exode, les quatre Evangiles et l'épître de saint Paul aux Philippiens)

https://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/les-grandes-fetes-chretiennes/careme-et-paques/careme/369562-quest-ce-que-le-careme/

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Car%C3%AAme (surtout pour l'étymologie).

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