Le baptême de Jésus

Hello kittens,

 Le dimanche suivant l'Epiphanie est consacré à la fête du baptême du Seigneur. Cette fête inaugure le temps ordinaire de la nouvelle année liturgique (rappelez-vous : l'année liturgique a commencé par le temps de l'Avent, suivi des fêtes de Noël, c'est donc le premier temps ordinaire). Mais temps ordinaire ne signifie pas qu'il ne se passe plus rien : le baptême de Jésus vient nous le rappeler.

 Cékouassa le baptême de Jésus ? Au premier siècle de notre ère, comme je l'ai déjà expliqué, les Juifs pressentent l'arrivée du Messie annoncé par les prophètes. C'est une période de grande tension, d'attente. Déjà, des pseudo-messies se sont manifestés et se sont heurtés à la puissante armée romain (inutile de vous dire qu'elle les a "pounés" bien "proprement"... : -/). Les personnes pieuses, pas forcément religieuses, mais désireuses de se préparer à cette arrivée imminente cherchent à se "mettre bien" avec Dieu. Le problème, c'est que depuis la création du monde, comme le raconte la Genèse dans l'épisode avec le serpent, les hommes doutent de Dieu et s'en font une fausse image : c'est le péché, tout ce qui éloigne la créature de son Créateur. Et ces Juifs pieux, donc, cherchent à se purifier de leur péché, ils veulent se "rabibocher" avec Dieu en changeant de vie, c'est l'idée de la conversion. C'est bien gentil, tout ça, mais comment qu'on fait ? Ben justement, voila-t-y pas qu'un prophète se ramène sur les bords du Jourdain (c'est le fleuve principal de Palestine. Comme aujourd'hui, il joint le lac de Tibériade, appelé aussi mer de Galilée, et la mer morte) et il propose à ces personnes de les purifier de leurs péchés en les plongeant dans les eaux du Jourdain, c'est ce qu'on appelle le baptême. C'est un rite qui existe déjà dans la religion juive. Mais Jean le Baptiste, c'est lui le prophète dont je parle, ne se contente pas de proposer une petite baignade avec aspersion (et hop, je suis purifié... non, non, ce n'est pas ça...) : il appelle les gens à la conversion en leur donnant des conseils (exemple : "Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n'en a pas et que celui qui a de quoi manger fasse de même." Luc 3, 11) Et comme il se trouve beaucoup de gens qui ressentent ce besoin de changer de vie et qui sont touchés par ces paroles, il commence à y avoir foule sur les bords du Jourdain et on commence à parler de lui dans toute la Palestine.

Forcément, la nouvelle arrive aux oreilles de Jésus (on ne nous dit pas comment, ce qui laisse libre l'imagination de chacun), qui vient lui aussi se faire baptiser. (Logique, c'est dans le titre, mais... Jésus ce n'serait pas Dieu incarné ? Comment ça se fait qu'il voudrait se faire baptiser ?... Ah, ah ! En voilà une bonne question !) Jean le Baptiste est très surpris quand Jésus se présente devant lui : "C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi, et toi, tu viens à moi !" Mais Jésus lui répondit : "Laisse faire pour l'instant car c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice." Mt 3, 14 - 15 (C'est assez énigmatique, comme réponse, et pourtant, "accomplir toute justice", c'est fort comme expression !) Qu'est-ce que Jésus entend par là ? Et bien, il continue ce qu'il a commencé : Il était Dieu, il s'est fait homme par amour pour nous ; il est sans péché, il vient se faire baptiser avec les pécheur, "pos[ant] un geste de solidarité" (https://liturgie.catholique.fr/accueil/annee-liturgique/de-lavent-au-temps-de-noel/le-temps-de-noel/le-bapteme-du-seigneur/292607-bapteme-christ-ecriture/). En bref : il se fait l'un de nous. Il n'a pas besoin de ça, il est Dieu. Et pourtant, il le fait...

Alors que Jésus vient d'être baptisé, les cieux s'ouvrent et l'Esprit de Dieu descend sur lui comme un colombe et une voix dit "Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j'ai mis tout mon amour" (Je résume car l'expression n'est pas la même dans les quatre Evangiles, mais c'est la même idée). Et là, on est à nouveau devant une épiphanie (ou théophanie, puisque c'est Dieu qui se manifeste...), mais il semble que les deux seuls témoins de cette manifestation soient Jésus lui-même et Jean le Baptiste. En effet, aucun Evangile ne fait mention d'une quelconque réaction de la foule, pourtant encore nombreuse aux bords du Jourdain à ce moment-là. Or si les gens avaient tous vu ce phénomène, ils ne seraient pas restés sans réaction (qu'il suffise de lire les récits d'autres apparitions, notamment de la sainte Vierge, pour comprendre que lorsqu'il se produit un phénomène particulier et que les voyants - ceux qui perçoivent les apparitions - le manifestent, la foule réagit). Donc il semble bien que ce phénomène, contrairement à l'apparition des anges aux bergers, reste d'ordre privé et que c'est le témoignage de Jean le Baptiste qui va le faire connaître des Evangélistes (très probablement par le bouche à oreilles).

En quoi est-il intéressant que cette manifestation reste d'ordre privé ? D'abord, parce que cela explique que seuls les Evangélistes en parlent et qu'il n'y ait aucun autre témoignage "extérieur" (ça, c'est pour l'aspect historique) et ensuite, parce que cela illustre la façon que Dieu a de procéder avec chacun et avec l'Humanité en général. Depuis la colonne de feu qui a conduit les Hébreux hors d'Egypte, il n'y a pas eu d'autre phénomène monumental où Dieu se serait manifesté aux hommes. Il a parlé et appelé des hommes en particulier : les prophètes et ceux-ci on été gratifiés de visions ou de songes mais, jusqu'à la naissance de Jésus, les autres personnes, en tout cas collectivement, n'ont pas bénéficié de manifestations divines (quant à avoir une manifestation divine personnelle, soit elles ont eu peur de le dire, soit elles n'en ont pas eu). Et ensuite : on a les anges qui apparaissent à un groupe de bergers (dont le témoignage sera probablement connu au niveau local quelques années, puis disparaîtra dans l'oubli... Saint Luc a très probablement appris cette histoire de la bouche de Marie elle-même. C'est en tout cas ce que la lecture de son Evangile peut laisser à penser...) et la manifestation de l'Esprit Saint à Jésus et Jean le Baptiste, puis il y aura la Transfiguration (devant trois disciples, nous en reparlerons), la Résurrection de Jésus lui-même après sa mort sur la Croix (seuls ses disciples en seront témoins. Je pense que je détaillerai cet événement aussi dans un autre message), son Ascension (même chose), la Pentecôte (même chose, mais l'événement va pousser les disciples à témoigner. J'en dirai plus dans un autre message), le chemin de Damas (apparition de Jésus à saint Paul) et tous les autres phénomènes d'apparitions de saints, de la Vierge Marie et de Jésus lui-même qui vont jalonner l'histoire du Christianisme (sans compter les songes et les expériences mystiques vécus soit par des saints ou des bienheureux qui en ont parlé - ou pas, ils n'ont pas forcément partagé toute leur vie spirituelle - soit par des Chrétiens restés inconnus mais qui ont pu - qui sait ? - avoir une vie spirituelle intense et rayonnante, mais seulement au niveau local et leur histoire sera restée inconnue de l'Eglise...).

Tout ça pour dire que Dieu reste discret. Pourquoi ? Et bien parce qu'Il nous veut libres. Oui, libres... de penser ce que nous voulons (même qu'Il n'existe pas), libres de croire en Lui ou pas, libres de la façon dont nous voulons croire en Lui (avec ou sans cadre religieux, avec ou sans excès), libres de dialoguer en confiance avec Lui et de Lui dire tout ce que nous avons sur le coeur y compris au risque d'être blessé par des paroles dures que nous aurions à son encontre (J'ai lu quelque part le témoignage d'un prêtre qui disait à peu près cela : "Dieu veut des amis qui soient prêts à Lui dire zut !"- Bon, je crois que son vocabulaire était plus cru que cela...). Après, mon explication est peut-être un peu simpliste (je ne suis pas théologienne), mais je ne pense pas dire des choses qui s'opposent à l'avis de l'Eglise. Je dis ce que je sais et aussi ce que je ressens et crois. Comme l'aurait sans doute dit saint Paul s'il avait vécu aujourd'hui : rencontrer Jésus est la plus belle chose qui me soit jamais arrivée dans la vie, alors forcément, je ne peux qu'en parler et dire à quel point c'est chouette (même si je ne sais pas forcément trop comment m'y prendre pour le faire et que saint Paul aurait sans doute eu beaucoup plus d'éloquence...^^).

Voilà, du coup, chacun est libre de choisir ou non de rencontrer Dieu dans sa vie. Mais le baptême du Christ nous dit que c'est Dieu qui vient à nous et qui nous propose cette rencontre. Et pour cela, Il n'hésite pas à se mouiller (Désolée, c'était trop tentant ! ^^), à se blesser même... C'est dire combien Il nous aime...

Voilà, voilà...

A la prochaine,

Kitty

Les références de mes recherches :

La Bible de Jérusalem

https://liturgie.catholique.fr/accueil/annee-liturgique/de-lavent-au-temps-de-noel/le-temps-de-noel/le-bapteme-du-seigneur/292607-bapteme-christ-ecriture/